Voici le dernier épisode de la série « Le photojournalisme aujourd’hui », menée par la journaliste Alison Stieven-Taylor. Un entretien essentiel avec le reporter américain James Whitlow Delano.
Lorsque la nouvelle de la pandémie mondiale a gagné le monde en 2020, le reporter américain James Whitlow Delano, plusieurs fois primé, se trouvait en mission dans l’Antarctique. Il avait hâte de rentrer au Japon, où il vit depuis plus de 20 ans, mais une mauvaise météo a retardé son départ. Alors que les frontières du monde entier commençaient à se fermer, Whitlow Delano s’est demandé s’il allait rester coincé à des milliers de kilomètres de chez lui.
Dans sixième et dernière interview filmée de la série « Le photojournalisme aujourd’hui », la journaliste et universitaire Alison Stieven-Taylor discute avec Whitlow Delano de son séjour en Antarctique. Ils évoquent un projet à long terme, Drowning in Plastic, qui fut exposé lors du festival Visa pour l’Image en 2020. Cette série dévoile l’impact désastreux du plastique sur la planète et la façon dont il atteint même les endroits les plus reculés, comme les Andes au Pérou. Là-bas, les déchets plastiques sont par exemple empilés le long des chemins étroits conduisant aux montagnes.
Au cours de sa carrière, Whitlow Delano a abordé un large choix de sujets, tout en se contribuant activement à l’information sur l’impact dévastateur du changement climatique induit par l’homme. À cette fin, il a créé le flux Instagram @everydayclimatechange en 2015, qui compte aujourd’hui plus de 141 000 followers. Il conduit aujourd’hui encore des reportages sur l’impact des déchets plastiques, la pollution environnementale et leurs effets dévastateurs sur des communautés éloignées dans des pays comme Bornéo.
Tout en évoquant son métier, la journaliste et le reporter parlent de « Rainforest Sentinels », un nouveau corpus plus abstrait de Whitlow Delano rendu possible par l’interruption de son travail comme photojournaliste. « Rainforest Sentinels » s’inspire du temps que le photojournaliste a passé avec le peuple indigène Batek en Asie du Sud-Est. Les Batek ont un lien profond, spirituel et physique avec la forêt tropicale où ils vivent depuis des millénaires. Aujourd’hui, les plantations d’huile de palme menacent leurs terres et leur mode de vie. Les clichés à double exposition de Whitlow Delano combinent des portraits et la forêt tropicale pour créer des images éthérées et mystiques qui traduisent cette relation innée.
Dernièrement, Whitlow Delano s’est rendu dans la zone d’exclusion autour de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon pour le New York Times. Dix ans plus tôt, Whitlow Delano avait photographié les conséquences du tremblement de terre et du tsunami qui avaient irrévocablement altéré sa terre d’adoption. Ce travail est devenu un livre, Black Tsunami publié par FotoEvidence.
Pour en savoir plus :
- Le site de James Whitlow Delano
- Alison Stieven-Taylor est l’éditrice du blog très lu Photojournalism Now.