Jeudi 10 septembre 2015 – Premier jour – Avant-première VIP
J’étais un peu ennuyé de ne pas avoir reçu d’invitation pour les diverses rencontres ou conférences censées avoir lieu avant que le Salon ne laisse entrer tous les « VIP ». Les portes de l’ancien Palais de l’amitié sino-soviétique se sont ouvertes à 16h, et la foule (des VIP) a vite envahi le salon. La galerie à l’étage était pleine d’« acheteurs » avides, qui s’enquéraient des prix et discutaient avec des responsables de galeries ou les photographes présents… La seconde édition de Photo Shanghai a lieu entre deux festivals de photo majeurs en Chine, le Dali Photo Fest et le Pingyao Photo Fest. Dans les allées bondées, entre les différents stands, je n’ai pas cessé de heurter divers photographes chinois, qui avaient exposé à Dali ou exposeront à Pingyao. Certains sont là parce qu’ils exposent, d’autres parce qu’ils cherchent l’inspiration, ou veulent enrichir leurs collections personnelles. L’enthousiasme contraste avec la terrible débâcle du marché financier et la dévaluation dramatique du yuan. Il semble pourtant y avoir de nouvelles catégories d’acheteurs sincèrement intéressés. Ce ne sont plus les expatriés de Shanghai ou les collectionneurs occidentaux habitués des salons artistiques d’Asie, mais surtout les « locaux », des hommes d’affaires chinois encore riches, d’anciens acheteurs d’art contemporain devenus amateurs de photo, et des photographes professionnels qui ont débuté une collection il y a cinq ou six ans.
Les visiteurs déjà présents l’année dernière remarquent que parmi la grosse cinquantaine de galeries participant, les mêmes reprennent le même emplacement. Quelques-unes exposent les mêmes tirages, mais dans l’ensemble, elles présentent moins de photos documentaires ou d’actualités (où est le stand Magnum ?), et plus de photos conceptuelles, voire « de salon », pour satisfaire le goût des collectionneurs chinois émergents.
11/09/15 – Deuxième jour – en marge de Photo Shanghai
Avec le directeur du Musée de la Photographie de Dali, nous nous sommes rendus chez le photographe humaniste de Shanghai, Lu Yuanmin, qui nous avait invités à déjeuner. Notre conversation s’est naturellement portée sur la valeur des œuvres que nous avions vues au salon. J’ai été particulièrement touché par un tout petit portrait jauni de Lee Miller par Man Ray, un tirage argentique d’époque en 10×6 cm, daté de 1931, dont l’étiquette indiquait 125 000 dollars américains. C’est un portrait de face, simple, austère, où Lee Miller regarde droit dans l’objectif de Man Ray. C’est le portait d’une femme, d’une mère. Le « punctum » réside dans les petits trous en haut et en bas de la carte sur laquelle la photo est attachée. Je me suis imaginé que Man Ray avait accroché la photo au-dessus de son lit et qu’il la regardait chaque jour avec amour, bien après la fin de son histoire avec Lee Miller. Deux autres images m’ont ému, deux nus, découverts à la Galerie Taka Ishii – des tirages d’époque datés de 1970, extraits de la série « Embrace » d’Eikoh Hosoe. Chacun de ces tirages argentiques en 20×30 cm, absolument sublimes, est mis à prix 950 000 yuans, l’étiquette s’adressant de toute évidence aux acheteurs chinois.
L’intégralité du journal de Jean Loh est disponible dans l’édition anglaise de L’Oeil de la Photographie.
FOIRE
Photo Shanghai
11-13 septembre 2015
Shanghai