Photo Phnom Penh est de retour et, avec le soutien des bénévoles, l’Association est heureuse et fière de continuer à montrer, soutenir, partager et discuter de la photographie contemporaine.
Nous continuons dans la même direction, convaincus que les images – et la photographie fait partie de tout le système d’images qui nous entoure – sont un véritable défi quotidien. A chaque instant et aussi pour notre futur. Aujourd’hui, à chaque instant, des milliards d’images sont produites, essentiellement avec des téléphones mobiles de plus en plus sophistiqués et elles sont directement envoyées et partagées. Nous sommes à un moment où il est impossible de voir, de lire, de comprendre tant d’images. Et le monde semble lui aussi impossible à voir car trop de représentations sont proposées en permanence à nos yeux, de plus en plus fatiguées. C’est aussi parce que les choses vont de plus en plus vite. Les images aussi. Et elles deviennent quelque chose que nous oublions après un coup d’œil rapide. C’est la raison pour laquelle il est chaque jour plus important d’apprendre à « lire » et à comprendre les images. Sinon, elles deviendront soit juste un jeu, amusant (mais pourquoi pas), soit une façon de manipuler nos visions du monde.
Au début des années trente, un philosophe européen, Walter Benjamin, a écrit que « les analphabètes de demain seront ceux qui ne savent pas lire les images ». Sommes-nous arrivés à ce point ? Peut-être. On trouve normal d’enseigner à l’école l’alphabet, pour permettre de lire les textes, d’écrire et de s’exprimer. Lorsque le contact quotidien avec les images devient un fait pour tous, enseigner aux enfants – mais aussi à leurs parents et à tous – l’image devient une nécessité pour la société. C’est la raison pour laquelle Photo Phnom Penh a considéré dès le départ le mois du festival comme partie d’un projet éducatif. Merci à tous ceux qui, cette année, ont rendu possible pour la première fois l’exposition à l’intérieur d’un collège. La présentation des photos d’animaux par Eric Pillot à l’école secondaire Preah Sisowath ouvrira de nombreuses possibilités d’éducation. Et nous espérons que ce n’est que la première étape d’un développement dans les prochaines années.
Inviter des photographes étrangers, asiatiques et européens, pour leur permettre de se rencontrer et d’échanger des points de vue et des expériences, pour leur permettre d’expérimenter d’autres publics que ceux qu’ils ont dans leur pays est aussi l’une des fonctions de Photo Phnom Penh. C’est ce qui a aussi permis et continue de permettre à de jeunes cambodgiens, après qu’ils aient découvert des œuvres, après qu’ils aient été émerveillés ou émus par des images, de créer eux-mêmes des photos qu’ils aimeraient montrer aux autres pour partager leurs visions et leurs émotions. Et nous sommes chaque année un peu plus heureux de présenter des propositions de nouveaux artistes cambodgiens ou de certains déjà reconnus.
Montrer des œuvres à Koh Pich, dans l’espace public, dans un lieu symbolique du nouveau Phnom Penh où la jeunesse d’aujourd’hui trouve son espace et se retrouve, c’est aussi insister sur le fait que nous voulons partager, permettre la découverte, provoquer et encourager les discussions. Pour tout le monde.
Photo Phnom Penh est de retour, le même d’une certaine manière à cause de ses bases et de ses convictions, et toujours différent parce que les artistes du programme ne sont jamais les mêmes et que chacun d’eux propose de nouvelles choses, de nouvelles découvertes.
S’il vous plaît, regardez – c’est le plus important – partagez, et prenez du plaisir.
Christian Caujolle
Aujourd’hui commissaire indépendant, Christian Caujolle a notamment été directeur de la photographie au journal Libération, a créé l’agence et la galerie VU’, et enseigne à l’École Nationale Supérieure Louis Lumière, à Paris. Il est le directeur artistique du festival Photo Phnom Penh.
Photo Phnom Penh
Du 21 octobre au 21 novembre 2017
Phnom Penh, Cambodge
