À l’occasion du festival The London Photograph Fair, une collection de photographies rares signées entre autres de Nadar, Shimooka, Suzuki, Disdéri et Beato est exposée du 19 au 20 mai à Londres, au King’s College.
Pour cette nouvelle édition du festival The London Photograph Fair, la collectionneuse Daniella Dangoor présente quarante photographies rares de samouraïs. Notons que la plupart des illustrations qui figurent généralement dans les livres et magazines et prétendent être des portraits de samouraïs n’en sont pas. Elles ont été prises pour encourager le tourisme, bien après 1877 – date à laquelle le système fut aboli – et réalisées dans des studios, avec des acteurs ou des assistants déguisés en armure et costumes de samouraïs.
Les photographies de sa collection présentent d’authentiques samouraïs, et datent de 1860 à 1877. L’ensemble a été recherché et catalogué par Sebastian Dobson, l’un des experts mondiaux sur les premières photographies japonaises. Plusieurs tirages sont uniques, et la plupart d’entre eux n’ont été reproduits qu’à quelques exemplaires, conservés dans des musées ou des collections privées.
Ces portraits nous offrent un aperçu d’un monde presque disparu. On y voit un groupe de samouraïs rassemblés autour d’une carte, au cours de la guerre civile ; le demi-frère du dernier shogun, photographié à Paris, où il avait été envoyé comme émissaire ; une femme samouraï ; un rōnin, l’un de ces guerriers sans maître contraints de mener une existence miséreuse, en marge de la société, et de proposer leur sabre au plus offrant.
Dans un portrait pris par le photographe japonais Suzuki Shin’ichi I à Yokohama, au milieu des années 1870, un jeune samouraï regarde au loin avec regrets. L’ère des samouraïs approche de son terme, et le métier ainsi que le rôle pour lesquels il s’était entraîné et préparé depuis son enfance sont sur le point de devenir obsolètes. L’introduction, en 1873, d’un service militaire obligatoire pour tous les hommes japonais, quelque soit leur classe, fait des samouraïs un anachronisme.
Le Japon est alors en pleine mutation. Jusqu’en 1853, le pays était resté fermé à tous les étrangers. Les Néerlandais sont les seuls occidentaux autorisés à commercer avec le Japon. Un petit groupe d’employés de la Dutch East India Company reste consigné sur l’île artificielle de Deshima, construite pour leur usage exclusif à Nagasaki en 1636.
L’ouverture des frontières va entraîner un processus de modernisation, et la guerre civile va conduire à la chute du shogunat, en 1868. Les shoguns, qui gouvernent au nom de l’empereur, sont les véritables maîtres du Japon depuis le xiie siècle. Leur pouvoir militaire dépend des samouraïs, qui forment une caste de guerriers. La guerre est leur raison d’être. De 1460 à 1603, des conflits font rage entre prétendants au shogunat. C’est l’époque Sengoku-jidai, ou ère des provinces en guerre, qui représente pour les samouraïs une sorte d’âge d’or.
En 1603, l’avènement du shogunat des Tokugawa installe leur suprématie. Les deux siècles et demi de paix qui s’ensuivent les verront endosser d’autres rôles – administrateurs, bureaucrates et érudits, ces derniers jouant un rôle important dans la diffusion de la photographie au Japon.
London Photograph Fair
Horaires :
Samedi 19 mai : 10:00 – 19:00
Dimanche 20 mai : 10:00 – 16:00
Billets :
Passe de 2 jours : 10,00 £ (entrée à partir de 10:00) ou 5,00 £ (entrée à partir de 11:00)
Entrée gratuite à partir de 14:00
Informations : www.photofair.co.uk/special-edition