Placées sous le signe des histoires d’amour, les 13e Photaumnales rassemblent une soixantaine de photographes internationaux dans différents lieux de Beauvais et des environs. Visite guidée des expositions présentées au Quadrilatère et au Musée de l’Oise, pour cette édition 2016 articulée autour du thème « Love stories ».
Au fil des années, le festival annuel des Photaumnales, codirigé par Fred Boucher et Adriana Wattel, a pris de l’ampleur et une dimension internationale. Un exemple : le programme de résidences avec la Gaspésie qui invite des photographes français à travailler sur cette région du Québec et Diaphane, qui reçoit des photographes venus d’outre-Atlantique. C’est par là que commence la visite au Quadrilatère, magnifique lieu qui, sur 2000 m2, rassemble l’essentiel de la programmation du festival. On est accueilli par la série d’Ambroise Tézenas qui a porté un regard singulier sur la Vallée, en Gaspésie donc, cultivant le mystère de cette terre éloignée de la France, mais avec laquelle nous sommes si proches par la langue et l’histoire. Face à ces paysages : les portraits de Claudia Imbert qui, elle, a cherché à rencontrer les habitants de la Petite Vallée. Un peu plus loin, on découvre la forêt picarde vue par le québécois Normand Rajotte, avec sa série intitulée Aimer la nature, pendant d’un travail personnel sur ce même sujet au Sud-Est du Québec. C’est aussi cela une résidence : permettre aux photographes de prolonger leur travail au-delà des frontières, qu’elles soient régionales ou internationales.
Dans le cadre de son partenariat avec le Hong Kong International Photo Festival (HKIPF), les Photaumnales nous convient, toujours au Quadrilatère, à une découverte de la photographie hongkongaise de 1950 à nos jours avec 9 photographes. Un parcours en noir et blanc ou en couleur inédit qui témoigne autant de la mutation de cette île, que du regard et de la pratique des photographes. Aux images classiques noir et blanc de Ho Fan (1931-2016), empreintes d’un humanisme à la Henri Cartier-Bresson, répondent des travaux contemporains. Nos coups de cœur vont à Eason Tsang et ses Rooftop et à Lau Wai avec sa série Album, qui explore le passé à travers des images de famille, dont il propose des agrandissements de détails. Tout en sensibilité, il parcourt une mémoire qui est aussi collective.
Au premier étage, Paul Ardenne et Barbara Polla, commissaires invités du festival, explorent le thème Love Stories avec une trentaine d’artistes présentant une ou plusieurs œuvres : des grands noms comme Joel-Peter Witkin, Anders Petersen ou encore Pierre & Gilles alternent avec des découvertes. De l’homosexualité en Russie avec le danois Mads Nissen, primé par un World Press l’année dernière, aux presque classiques photos de famille du finlandais Tuomo Manninen ou encore aux images choc de la série History of sex – cachées derrière un rideau noir – de l’américain Andres Serrano. A Beauvais cette année, l’amour n’a pas de frontière ni de limite !
Mais pour découvrir l’exposition la plus originale de ce festival, c’est au Musée de l’Oise qu’il faut se rendre, à quelques pas du Quadrilatère. Les photographies de Jean-Christophe Ballot y sont présentées au sein de la collection permanente. Au fur et à mesure des salles, on est surpris de les découvrir aux côtés des peintures. Judicieusement placées pour entrer en résonnance avec les œuvres permanentes, elles invitent le spectateur à découvrir la réconciliation de ces deux sœurs autrefois ennemies que sont la photographie et la peinture. C’est réussi !
Sophie Bernard
Expositions
Love stories, Love Hong Kong, Love Gaspésie, Love résidences
Jusqu’au 1er janvier 2017
Quadrilatère, 22 rue Saint Pierre, Beauvais.
Divines et Divas, Jean-Christophe Ballot (et Ange Lecci, VikMuniz)
Jusqu’au 20 mars 2017
MUDO, musée de l’Oise de Beauvais
Catalogue
Love Stories
Editions Diaphane
15 euros