Les Photaumnales sont partenaires du festival de Kaunas, ville lituanienne à deux heures de vol de Beauvais.
Membre de la Communauté européenne depuis 2004, la Lituanie compte trois millions d’habitants. L’histoire a longtemps malmené la tribu balte et mis à mal ses libertés. La pratique photographique n’a été reconnue qu’au milieu du XXe siècle — sous Staline, l’appareil photo était considéré comme du matériel d’espionnage.
La notion de «photographie lituanienne» est apparue dans les années 1970-80, quand les critiques d’art russes ont commencé à porter un vif intérêt aux travaux des photographes lituaniens. Les noms d’Antanas Sutkus, Romualdas Rakauskas, Aleksandras Macijauskas, Romualdas Kuncius, Romualdas Požerskis ont été suivis par la presse photographique.
En 1973, lorsque les premières rencontres photographiques se sont tenues à Nida, les sujets étaient conformistes — les hommes, leurs terres, leurs traditions, les marchés de campagne, les pèlerinages religieux…
Aujourd’hui, la photographie lituanienne s’autorise à être conceptuelle et moins officielle. Elle s’expose dans les galeries d’art et les festivals de photographie, dont Kaunas Photo est le précurseur depuis 2004.
Mindaugas Kavaliauskas, directeur de ce festival, a sélectionné sept photographes afin de nous faire découvrir les tendances de la photographie lituanienne : Antanas Sutkus, Vitas Luckus, Vytautas Stanionis (père), Vytautas Stanionis (fils), Klaudijus Driskius, Donatas Stankevicius, et Mindaugas Ažušilis.
Antanas Sutkus est né en 1939 dans le petit village de Kluoniškiai, près de Kaunas. Il fait figure de patriarche de la photographie de l’Europe de l’Est. Il a fait partie des fondateurs de l’Union des artistes photographes de Lituanie.
Vitas Luckus est né en 1943 à Kaunas et mort en 1987 à Vilnius. C’était une personnalité flamboyante et excentrique qui ne se soumettait pas aux standards de la photographie officielle. Jugé pour trahison de la patrie pour être allé voir une exposition de Henri Cartier-Bresson à Moscou pendant son service militaire, il a été harcelé par les agents du KGB jusqu’à la fin de ses jours.
Vytautas Stanionis (père) est né en 1917 à Drisa et mort à Yalta en 1966. Atteint de tuberculose, il a développé la pratique photographique pendant ses temps libres. Préposé aux portraits pour les passeports, il a par ailleurs réalisé de nombreux reportages sur les rassemblements et traditions soviétiques.
Vytautas Stanionis (fils) est né en 1949 à Alytus. Il est membre de l’Association des photographes d’art lituaniens et fut responsable de l’Union lituanienne des photographes d’art de 1979 à 1990.
Klaudijus Driskius, né en 1959 à Ažubrastis dans le district de Rokiškis, travaille aujourd’hui à Vilnius. Ses portraits révèlent l’histoire de la campagne lituanienne au XXe siècle: la pauvreté et la misère issues, après-guerre, de la lutte contre la collectivisation, les déportations et l’alcoolisme.
Donatas Stankevicius, né en 1984 à Kaunas, représente la jeune génération lituanienne. Il considère son travail comme de la «photographie sociale» et se défend d’être à la mode.
Mindaugas Ažušilis est né en 1987 à Vilnius. Il a étudié la photographie au Vilnius College of Design. Se qualifiant de «volage» dans ses choix, il souhaite explorer toute la gamme des arts visuels, via la vidéo ou des installations.
LT, la Tribu, les Traditions, les Tendances
Du 8 septembre au 4 novembre 2012
Galerie Nationale de la Tapisserie
22 rue Saint-Pierre
60000 Beauvais
France