Mes parents m’ont offert mon premier appareil photographique pour mon quatorzième anniversaire et c’est à cet âge que je fais mes premières photos.
Après avoir obtenu un diplôme à l’école de Fribourg en 1955, ce sont les voyages qui me donnent le goût du reportage.
La Camargue d’abord. En 1960, un reportage légendé par des textes de Jean Giono connaît un succès immédiat.
En 1962, je m’installe en Provence, mais je continue à parcourir le monde : Amérique du Sud (pour un reportage à caractère humanitaire), États-Unis (où je reste six mois), Amérique centrale, Japon, Portugal, Égypte, Tunisie, Hongrie, Pérou, Italie, Espagne.
Je rejoins l’agence Rapho en 1965 et inaugure en 1977 le premier numéro du magazine Géo avec une chronique d’un village du Pays basque.
À la fois photographe animalier sur des thématiques variées telles les pigeons, les chevaux de Camargue, les oiseaux, les chats des îles grecques, etc., je m’intéresse aussi aux traditions singulières : la pétanque, les épouvantails, les cerfs-volants, etc…
À partir des années 1980, j’oriente mon travail vers le militantisme environnemental. Je photographie alors tous les parcs naturels d’Europe et dénonce en images les ravages de la déforestation en Amazonie, ou encore un long reportage sur la rivière Calavon sous le titre « la rivière assassinée », qui s’intéresse à la pollution d’une rivière en France.
Fasciné par ces effigies dépenaillées, vraies forme d’Art Brut, je souhaite les garder en mémoire tout en liant un contact avec les fermiers du lieu, qui, au premier abord sont assez méfiants, puis amusés par cet intérêt surprenant. A ma grande surprise, ils me confient qu’ils ne croient pas à une réelle efficacité de ces épouvantails, car il arrive que les oiseaux le prennent pour perchoir !
L’acte de créer ces effigies, surtout masculines, rarement féminines, revient en quelque sorte à poser un geste magique, à rendre tangible un symbole de défense et d’appropriation. Une façon emblématique de marquer le territoire signifiant aux oiseaux comme aux autres animaux, bien plus nombreux qu’aujourd’hui : attention cette terre appartient à un homme qui n’est peut-être pas loin avec son fusil !
Hans Silvester