Si l’auteur n’était lui-même Indien, il y a fort à parier que l’on nous reprocherait de donner à voir une image caricaturale de l’Inde, d’une forme de kitsch, de pratiques ridicules. Il se trouve que le regard que porte ce documentariste à l exceptionnel sens de la couleur est une vision de l’intérieur et qu’elle est d’une très grande finesse, pour peu que nous acceptions de dépasser le rire, ou le sourire, qui ne manquent pas de nous saisir dès lors que nous voyons toutes ces scènes aussi brillantes que factices. Derrière l’apparence, il n y a que vacuité. Si tout brille, tout est en carton pâte – ou plutôt en plastique doré – et le choix de saisir les moments d’avant ou d’après la cérémonie se révèle plus qu’instructif. La rigidité apparente se révèle vite balayée par un désordre désolant et la conclusion du travail avec une attention aux personnages devient presque pathétique. Ce moment de joie et de célébration qu’est censé être le mariage nous emplit de tristesse grâce à une exploration du réel qui, sans jouer sur le spectaculaire, va bien au-delà des apparences qui caractérisent ce qui est photographié. Nos sourires s’effacent lorsque nous prenons conscience que le « Welcome Drink » est sinistre et que les apparences sociales, les conventions, les rituels, les paillettes et les lumières qui clignotent n’ont rien à faire avec le bonheur ou le plaisir. Nous sommes finalement en pleine désolation.
Né en Inde en 1977, Mahesh Shantaram vit et travaille à Bangalore. Il est diplômé de l’institut de photographie Speos de Paris (2006). De retour à Bangalore, il s’atèle à insuffler un air nouveau à la photographie indienne, notamment à l’occasion des mariages, qui sont l’occasion pour chacun de montrer son statu dans la société. Rapidement, Mahesh Shantaram joue de son sens du détail et des couleurs pour s’imposer comme l’un des photographes de mariage les plus en vue de son pays.
Photo Phnom Penh festival
Du 8 au 13 décembre 2012
Phnom Penh
Cambodge