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Peter Hay Halpert par Stéphanie de Rougé

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Jour 15 –

Quand j’arrive chez Peter Hay Halpert, j’apprécie immédiatement l’intimité du lieu – une galerie / appartement aux fenêtres ouvertes sur des bruits de feuillage et d’oiseaux (si.si!), un petit bar, des murs rouge sombres, un canapé en cuir. L’ensemble est chaleureux. Le dialogue vient vite, je le laisse mener la barque et le suis comme je peux dans ses multiples aventures : d’abord spécialiste en histoire de l’architecture puis en peinture Flamande, il parcourt ensuite le monde pour une affaire commerciale familiale et ce n’est que dans les années 80 qu’il découvre et tombe en amour avec la photo grâce à Vanity Fair – c’est a ce moment là qu’il commence sa collection… Peter est aussi curateur, écrivain, professeur… Son assistant joint l’image à la parole en apportant tantôt un tirage, tantôt un livre… Je me régale et l’horloge s’emballe – 2 heures déjà et il me semble que je viens juste d’arriver…

Au moment ou je m’apprête a lui tirer le portrait, Peter se regarde dans la glace et me confie: “comme vous pouvez le voir, c’est mon grand sens du style qui a fait que je suis devenu professeur de photographie de mode à ICP – Il s’esclaffe et m’autorise d’un regard à en faire autant – ouf – et puis il file se changer.
L’homme qui ressort est l’homme public, le curateur, le galeriste, le grand monsieur de la photographie ; je suis bien contente d’avoir entrevu Peter au naturel aussi. L’homme pause aussi naturellement qu’il raconte sa vie. Il veut un tirage de mon / son portrait pour sa collection – quel honneur !

Si je devais résumer cette rencontre à un mot, je choisirai HUMOUR – Peter est drôle, sa vie peu commune et il sait la raconter.

Merci Peter

De la découverte de la photo à l’ouverture de sa galerie…
Il étudie l’histoire de l’art et de l’architecture française et l’urbanisme au Trinity College et à la Brown University.
Il travaille ensuite avec Franck robinson – spécialiste du la peinture Flamande du 17ème siècle – à RISDI.
Puis il quitte tout pour se consacrer pendant quelques années à une affaire familiale qui l’emmène sur tous les continents.
C’est la renaissance de Vanity fair comme publication mensuelle (le magazine n’était plus publié que rarement depuis 1936) qui offre a Peter l’occasion de s’impliquer plus sérieusement sur le marché naissant de la photo. Dans ce premier numéro, Vanity Fair propose notamment une série de photos de Richard Avedon.
Peter vit à l’époque à Portland et est un fidele abonne à Vanity Fair. Il se régale des publications de Bruce Weber, Annie Lebovitz, Irvin Penn, Herb Ritts et des portraits de photographes de Bruce Weber, Joe Peter Witkin, Sally Mann…
En 1986, le Whitney consacre une partie de sa biennale aux portraits de Bruce Weber – des photographies du sol au plafond se souvient Peter.
Il achète le catalogue, contacte Robert Miller qui représente Bruce, achète trois photographies. Il fait de même avec Adam Fuss puis Mapplethorpe… Sa collection est née.
Il déménage à Philadelphie et commence son métier de conservateur – notamment en photographie, il écrit aussi.
Toutes les semaines il « nourrit » sa collection de nouveaux tirages: Duane Michals – Marcus Leatherdale – Tina Barney – David Bailey – Ellen Carey – Neil Winokur – Greg Gorman…
En 1991, il quitte son affaire familiale et s’installe à new York pour se consacrer à plein temps au business de la photographie. Les temps sont durs, l’argent rare mais c’est la qu’il apprend – dit il – l’essence de son métier : découvrir de nouveaux talents et les faire monter au lieu d’essayer de suivre un marché qui évolue à une vitesse incontrôlable. Peter Hay Halpert Fine Art est née.

Son meilleur souvenir de galeriste…
Une conversation avec John Richardson, alors biographe de Pablo Picasso qui mentionne lors d’une de ses discussions son dernier déjeuner avec l’artiste. Peter décide à cette seconde là de ne représenter que des artistes avec qui il peut converser, discuter, débattre et déjeuner.
Une autre conversation avec Léo Castelli qui lui conseille d’acheter des œuvres dans les expositions qu’il organise : une bien mauvaise façon de construire un business, mais une très bonne façon de construire une belle collection !

Son pire souvenir de galeriste…
N’avoir jamais pu acheter les portraits en 3 panneaux des Factory People de Andy Warhol photographiés par Avedon en 1969.

Sa première photo achetée à titre personnel ou une photo qui a une importance particulière dans sa vie…
« Figure of a young man » de la série de stitched photographs par Andy Warhol.
Il se sent particulièrement proche de cette œuvre pour son ambiance romantique d’après guerre qui lui fait penser à ses poètes préférés de cette période. Il aime aussi que cette œuvre de Warhol soit la seule dans laquelle la photographie est le produit final et non une étape de la création d’une autre œuvre d’art. Il aime particulièrement y retrouver les spécificités artistique de Warhol : la répétition, la mécanisation, les coutures qui relient les différentes images…

Pour l’obtenir, il a du s’arranger avec des amis galeristes et se séparer de trois œuvres importantes de sa collection : la Gare Saint Lazare de Henry Cartier Bresson, Le Baiser de l’Hôtel de Ville de Robert Doisneau, et American Girl in Italy de Ruth Orkin.
Il raconte en riant le coup de téléphone passé a sa mère qui s’offusque qu’il aie vendu un Cartier Bresson pour acheter un – quoi déjà ? – Warhol ?
Et lui de tenter de lui expliquer que s’il a un bon instinct, cet artiste là pourrait bien être un des plus grands de tous les temps.

Sur le mur de sa chambre…
Surtout des peintures et des dessins
Et une œuvre de Ryan Mc Ginley
Je note au passage dans sa salle de bain un collage de Barbara Crewger et une photo de Steichen datant de sa série dans la Marine pendant la guerre.

Stéphanie de Rougé

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