Checkpoint Chronicle
En février 2014, l’association israélienne B’Tselem comptabilisait près de 99 checkpoint israéliens fixes : 59 situés le long des limites de la Cisjordanie et de Gaza, et 40 à l’intérieur des Territoires palestiniens. La traversée des checkpoint est, pour des dizaines de milliers de palestiniens, une expérience quotidienne. Points de passage des palestiniens qui se rendent en Israël, ils sont essentiellement franchis pour des raisons économiques, religieuses, et médicales. En 2014, le Bureau international du travail évaluait, en effet, à près de 100 000 le nombre de palestiniens travaillant dans l’économie israélienne avec ou sans permis. Dès 3h du matin, ils sont alors des milliers à attendre devant l’entrée des principaux checkpoint de Qalandiya, de Bethlehem et de Qalqilya, pour rejoindre leurs lieux de travail en Israël. Quand vient le mois du ramadan, des milliers de palestiniens musulmans se rendent également de l’autre côté du mur de séparation, sur l’Esplanade des mosquées de Jérusalem, pour aller prier sur ce qu’ils considèrent comme le 3eme lieu saint de l’islam.
Pour autant, les checkpoint ne sont pas de simples lieux de passage. Mais aussi et surtout des territoires d’attente, de frictions, et de contrôle où le temps et l’espace échappent à ceux qui les traversent. Le théatre d’un assujettisement silencieux quotidien, où la même épreuve se reproduit chaque jour, inlassablement.
Née à Sète en 1980, je vis actuellement à Montpellier. Diplômée de Sciences-Po Paris en relations internationales en 2003, et poursuivant des recherches en sociologie à l’Ehess, j’effectue diverses missions humanitaires en Afrique de l’Ouest, avant de m’impliquer en 2009 dans un travail photographique documentaire en Israël / Palestine, au moment où l’Europe fête les 20 ans de la chute du mur de Berlin. Questionnant par le rapport des hommes à leur territoire de vie et d’origine, je travaille également sur la problématique urbaine, notamment sur les quartiers d’habitat populaire de Lyon et de Montpellier, et plus récemment sur les espaces et communautés lagunaires du Sud de la France. En 2014, je suis sélectionnée, avec neuf autres photographes européens, pour participer au workshop Nikon/Agence Vu’ de photographie documentaire du Prix Bayeux Calvados des correspondants de guerre. J’expose, collabore avec la presse nationale et étrangère, réalise des commandes institutionnelles, et suis engagée dans divers projets personnels.