Dieu a créé la femme et puis il s’est branlé
Cette série se lit comme une peinture murale dans les rues de Monrovia, au Libéria, un pays que l’on connaît surtout pour ses quatorze ans de guerre civile et, plus récemment, pour l’épidémie d’Ebola qui l’a ravagé.
Durant l’été 2013, alors que le Libéria célébrait le dixième anniversaire de la paix et qu’une femme y occupait la plus haute fonction publique, je tenais à explorer l’expérience vécue par la génération d’après-guerre des jeunes filles qui grandissent au sein d’une population ravagée par la guerre. Bien que je me sois particulièrement concentrée sur les jeunes filles vivant à West Point, l’un des districts de Monrovia, il est important de garder à l’esprit que les problèmes qu’elles affrontent sont typiques pour la majorité des citadines. 8% seulement des habitants de Monrovia ont accès à l’eau courante et 1% à la grille de l’électricité. Selon l’ONU, l’usage de générateurs fait que le coût de l’électricité est parmi les plus élevés au monde.
Malgré la présence au Libéria de quelques politiciennes féminines très en vue, les réalités et les opportunités du quotidien sont très différentes pour la majorité des femmes. Relativement peu de filles sont en mesure d’aller à l’école car elles trouvent difficile de concilier leurs obligations envers leurs familles avec les exigences de l’école. Bien que l’éducation soit (du moins en théorie) gratuite, beaucoup ont du mal à payer les uniformes scolaires obligatoires et les frais d’inscription, la violence sexuelle et sexiste reste une préoccupation majeure, y compris dans le système éducatif du Libéria, et il n’est pas rare que des étudiantes soient victimes de harcèlement sexuel et qu’on leur propose d’échanger leurs faveurs pour des bonnes notes. En 2013, l’ensemble des 25.000 candidates ont échoué à l’examen d’entrée à l’Université du Libéria, obligeant la Présidente Sirleaf à définir le système d’éducation nationale comme « une catastrophe »..
Magda Rakita est une photographe documentaire qui travaille avec des OGN et des associations partout dans le monde. Elle est représentée par Sipa Press et est basée à Cambridge, GB.