Pekin a accueilli le 10ème Concours International Du CHIPP et recompensé une majorité de photographes étrangers.
Pendant 4 jours, enfermés dans un grand hôtel du centre de Pékin, sur le boulevard qui mène à la Place Tien Am Men, les 13 membres du Jury du Chipp ont visionné 7.000 photos parmi les 30.000 qui avaient été envoyées par plus de 3.000 photographes de 63 pays.
Le Chipp (China International Press Photo Contest), c ‘est un peu une copie chinoise du World Press Photo. Un doublon qui a le double avantage de permettre aux photojournalistes de se faire connaître de l’immense public chinois, et de concourir à un prix très rémunérateur puisque la photo de l’année est récompensée par un chèque de 100.000 yuans, soit plus de 16.000 dollars.
Cela fait dix ans que le Chipp a été créé par des personnalités issues de la China Photojounalists Society et par l’agence de presse chinoise Xinhua (Chine Nouvelle).
Avec l’œil attentif de Mme Huang Wen, connue dans le monde de la photographie internationale pour son professionnalisme et sa connaissance de la photographie qui lui ont valu de nombreux prix, ce concours chinois n’a jamais connu de censure autre que l’auto-censure que certains photographes chinois et étrangers font de leur sélection pensant que le Chipp les refuserait. Avec le photographe hollandais Vincent Mentzel qui, comme moi, a été membre deux fois de ce jury, et connsaissant Mme. Huang Wen, on peut se rassurer : vous pouvez présenter tous sujets sensibles ( sauf, bien entendu, tout ce qui peut toucher à la sécurité du régime communiste ).
Cette année, le jury, présidé pour la première fois par Mme Huang Wen était composé de Whitney Johnson, directrice de la photo du New-Yorker, de Vincent Mentzel, photographe d’Amsterdam, un ancien du WPP, de Yuri Kozyrev venu à Pékin,entre deux assignements, de Julia Durkin, présidente du Festival Photo d’Auckland, en Nouvelle Zélande, de Lihui Baho, photographe du Yunnan habitué des Festivals photo, de Goh Chai Hin, correspondant Malaysien de l’AFP en Chine, de George Kasakula, rédacteur-en-chef de The Nation, du Malawi, de Bruno Maestrini photographe brésilien actuellement assistant au service photo du China Daily, de Jingchun Wong, membre du jury du WPP en 2011, du très aristocratique Andrew Wong, ancien photograhe à UPI, deux fois juré du WPP et des Master Class du même WPP, de He Yong habitué des jurys, et de moi-même.
Pour participer au CHIPP il faut que vos photos aient été réalisées et publiées dans l’année dans la presse écrite ou web. La date de remise des documents numérique est autour de la mi-février. N’ayez aucune crainte, le copyright de vos photos sera respecté. C’est important de le souligner, mais de nombreux reporters croient encore que la Chine pirate le copyright. Ce fut le cas, mais grâce aux nombreuses Associations de photographes, et à l’influence du CHIPP, la violation du copyright se fait rare.
8 catégories permettent aux candidats d’aborder à peu près tous les domaines. Que ce soit en noir et blanc ou en couleurs. De plus en plus, et ce fut le cas encore cette année, le noir et blanc a tendance à remporter les faveurs du jury.. et 1 reportage sur 4 l’est.
M. Xu Zugen, président de CPS et du CHIPP devait souligner pendant la conférence de presse qui terminait le travail du jury, que comme chaque année, c’est un message de paix et de développement, que ces reportages apportent au public, et que d’une façon générale, ils sont le miroir de notre temps et de l’Histoire, notamment en ce qui concerne les photographies montrant la violence des hommes ou leur désespoir devant les catastrophes.
La sélection finale des 16 photos qui concouraient au Prix de la Photo de l’Année a donné lieu à deux heures de discussion, de négociations, mais curieusement dès la première présentation sur les tables où avaient été disposées les tirages, les membres du jury avaient décidé quelle serait cette photo. Éliminées les photos de l’activiste gay qui reçoit un formidable coup de poing, celle du regard terrifié de cette jeune fille assise sur un brancard après un séisme, celle de cette femme afghane qui tient a peine dissimilé sous sa burqa son enfant cadavérique victime d’une famine révélée par ce reportage et dont la presse a peu parlé. Tuées les photos de ce manifestant à Rio qui fait face seul à une dizaine de policiers qui font feu sur lui au milieu d’une gerbe d’étincelles, celle de la barque d’un pêcheur chinois égaré dans une rivière de poissons morts, celle de cette gymnaste qui virevolte dans l’air au milieu d’une gerbe de poussière farineuse. Non, le tirage noir et blanc qui a retenu l’attention unanime du jury était celui d’une jeune femme se reposant dans ce qui restait de son salon au milieu d’un océan de débris, après la passage du Typhon Haiyan, aux Philippines.
Voici cette très belle photographie de Kevin Frayer, photographe canadien distribué par Getty Images que nous vous proposons avant de vous présenter demain l’ensemble des résultats.
Cette photographie qui comme l’a fait remarqué Andrew Yong, peut se regarder dans tous les sens sans perdre de sa qualité ni de son intérêt..
Floris de Bonneville