Chaque semaine, L’Œil de la Photographie vous présente l’émission radiophonique Regardez voir, produite par Brigitte Patient sur France Inter. Cette semaine, la photographe documentariste Pauline Beugnies, dont l’exposition Génération Tahir 2010-2015 / Égypte est visible à la mairie du 4e arrondissement de Paris jusqu’au 17 janvier, puis à Marseille et en Belgique, commente sa sélection de photos et illustrations.
Sélection de photos :
Pauline Beugnies, manifestation au Caire le 26 janvier 2011.
Une jeune femme appelle les manifestants à rejoindre un rassemblement devant le syndicat des journalistes.
Cette image était exposée en très grand format sur la façade de la mairie du quatrième dans le cadre de la biennale des photographes du monde arabe contemporain. Elle a été enlevée au lendemain des attentats à Paris, ce que Pauline Beugnies a déploré. « Les événements du 13 novembre 2015 n’ont rien à voir avec cette image. »
Hamed Harara, le 20 novembre 2011, Le Caire.
Blessé à deux reprises aux yeux par les forces de l’ordre lors de manifestations. En Égypte, il y a eu une politique délibérée de viser les yeux des manifestants, c’est tout un symbole!
Le dessinateur égyptien Ammar Abo Bakr
Ammar Abo Bakr est l’auteur des dessins et croquis extraits de ses carnets dans le livre Génération Tahrir. De passage à Louxor ou il travaille sur un projet de résidence d’artistes et centre culturel indépendant. Ammar tente de rétablir auprès « des gens de la rue » le lien égaré sous les années de dictature avec la culture antique égyptienne
Ghada et Sara, 15 décembre 2012, Egypte, P Beugnies.
Après le vote, j’ai accompagné Ghada, membre active de l’aile des femmes du parti des Frères musulmans chez elle. Sara était là. Je connais Sara depuis plus d’un an. Je l’ai suivie et photographié pour une série sur la jeunesse frère rebelle. Sara a quitté la confrérie dans laquelle elle ne se retrouvait plus. « L’organisation n’a pas écouté les jeunes alors que ce sont eux qui ont lancé le mouvement. Les jeunes femmes n’en parlons pas… » Elle est fermement contre ce projet de constitution qui selon elle bafoue les droits des femmes, et la liberté des médias. Sa mère, par contre, a fait campagne pour le oui. Le ton est monté très vite…
Le projet Génération Tahrir :
« Révolution, où es-tu ? Alors que l’Égypte traverse une période marquée par le retour de l’État profond, le découragement, voire le désespoir, nous pourrions nous demander ce qui a effectivement changé dans le pays après le soulèvement de janvier 2011. Peut-être, les jeunes détiennent-ils, eux-mêmes, la réponse à cette question. Eux qui représentent plus d’un quart de la population, se sont longtemps vus comme une minorité impuissante, exclue de la vie active, du mariage, comme de la politique. Depuis la mobilisation née à Tahrir, ils sont prêts à contester l’autorité de l’État comme celle du père, à remettre en cause le carcan des relations sociales traditionnelles et à s’affirmer par le biais de la culture, de l’activisme, ou simplement dans leur vie quotidienne, par un état d’esprit différent des générations précédentes. Génération Tahrir dresse le portrait intime d’une génération émergente qui fait le choix de l’émancipation, contre la tyrannie du patriarcat. » – Pauline Beugnies
Génération Tahrir est un projet engagé en 2010.
Après les violents événements qui ont marqué l’Égypte et les nombreuses images de la révolution de la place Tahrir, au Caire, la presse a peu à peu quitté les lieux ; pour Pauline Beugnies, c’est au contraire le moment de rester. Continuer de photographier est une façon de ne pas « abandonner » une jeunesse en quête de démocratie et de liberté.
Biographie :
Pauline Beugnies est née à Charleroi en 1982. Entre 2008 et 2013 elle vit au Caire où elle apprend l’arabe et travaille sur des projets documentaires. Elle a fait ses études de journalisme à l’IHECS (Institut des hautes études des communications sociales) à Bruxelles dont une année de photojournalisme à Arhus au Danemark.
Son premier reportage était consacré aux enfants des rues accusés de sorcellerie à Kinshasa, au Congo. Elle parcourt ensuite le Bangladesh, l’Albanie et bien sûr la Belgique. Elle se situe dans le sillage de photographes engagés qui s’accordent le temps de s’impregner de leur sujet. Aujourd’hui, elle se concentre sur l’Egypte et le monde arabe dans l’idée d’établir des ponts, de déconstruire les stéréotypes. En 2011, Pauline a reçu une bourse du Fond pour le journalisme belge pour travailler sur la jeunesse égyptienne. Sa première exposition solo « Revolution of The Youth » a eu lieu en Avril 2012 au Brakke Grond à Amsterdam. Elle collabore avec Le Monde, M, Libération, Télérama, L’Express, Elle Belgique, De Morgen, The New York Times, Colors…
En 2013, elle co-signe un web documentaire intitulé Sout el Shabab, la voix des jeunes, à découvrir sur le site de France Culture, et co-signe l’ouvrage Génération Tahrir avec le dessinateur Ammar Abo Bakr, édité aux éditions Bec en l’air, en janvier 2016. Son premier film documentaire est en cours de finalisation et devrait être visible en septembre 2016.
EXPOSITION
Génération Tahir 2010-2015 / Egypte
Pauline Beugnies
Jusqu’au 17 janvier 2016
Dans le cadre de la première Biennale des photographes du monde arabe
Mairie du 4e arrondissement
2, place Baudoyer
Paris
Du lundi au samedi : 9h – 17h30
Jeudi jusqu’à 19h
Entrée libre
LIVRE
Génération Tahrir
Editions Le bec en l’air
Photographie : Pauline Beugnies
Dessins : Ammar Abo Bakr
Texte : Ahmed Nagy
http://www.paulinebeugnies.com
INFORMATIONS
Émission Regardez voir par Brigitte Patient
Le dimanche à 23h30 sur France Inter.
En partenariat avec L’Oeil de la Photographie
http://www.franceinter.fr/emission-regardez-voir