Cette exposition du photographe Paul Mpagi Sepuya à la Yancey Richardson Gallery, à New York démontre un engagement profond dans le concept du portrait en studio. Elle décrit le processus photographique comme une conversation et une négociation continuelles entre le spectateur, l’artiste, le sujet et le travail. Simultanément, le photographe étudie le rôle du désir comme force productive et critique dans le médium photographique.
Prenant pour référence les tropes artistiques de la photographie de studio homoérotique, Paul Mpagi Sepuya fait un commentaire sur ce médium comme processus de désir constructif : le désir de photographier, de regarder et de toucher. En utilisant des rideaux ou des cadrages pour masquer partiellement le modèle, le studio ou l’appareil photo, il provoque chez le spectateur un désir de regarder ce qui est caché et il implique celui-ci dans l’acte de voir. Sepuya s’insère dans les images, apparaissant alternativement dans un autoportrait fragmenté et obscurci, derrière son appareil photo ou un drapé, ou mettant la main dans le cadre pour rectifier la pose d’un modèle, ajuster un tissu ou pointer vers le modèle. Sa présence se caractérise par un jeu conscient de présentation et de dissimulation, d’exploration de la surface et du reflet, de l’objectif photographique et du miroir, du toucher et de la trace.
Les photographies de Paul Mpagi Sepuya contiennent souvent des images de travaux antérieurs fragmentés, liés, chevauchant l’objectif de la caméra ou attachés au miroir du studio dans lequel il photographie. Il explique que cette approche lui « permet de considérer qu’à l’intérieur du studio, tout est potentiellement utilisable. Chaque élément entre dans le cadre ».
Evitant la technologie numérique, Sepuya utilise le miroir pour aplanir l’espace du studio en le mettant sur un seul plan, ce qui lui permet d’intégrer le sujet, le trépied de l’appareil-photo et des tirages d’images antérieures en une seule composition stratifiée qui ressemble à un collage. Les modèles de Paul Mpagi Sepuya sont des amis, des amants, des écrivains et d’autres artistes qui occupent une intersection chargée des sphères créatives, sociales et sexuelles de la communauté queer. Les relations entre ces “sujets partagés”, comme les appelle Sepuya, et les images résultantes servent de principe organisateur pour le montage et la configuration de leur image.
Paul Mpagi Sepuya, Figures, Terrains et Etudes
Du 2 février au 18 mars 2017
Galerie Yancey Richardson
525 W 22nd St
New York, NY 10011
Etats-Unis