Paris Photo au Grand Palais, Kiosk au Bal, Offprint aux Beaux-Arts… jamais l’édition photographique n’aura autant occupé l’espace culturel à Paris. Elle s’impose désormais, à côté d’un marché de la photographie réservé à quelques happy fews, comme un monde indépendant, accessible, traversé d’une énergie créative autrefois consacrée à la musique ou au cinéma. En ce mois de novembre, Paris était bien la capitale du Zineland.
Dans leur ensemble, toutes ces initiatives illustrent à quel point ce champ de création s’est aujourd’hui structuré et installé. En creux, ce foisonnement a également une importance sur la création elle-même ; en réaction au flux ininterrompu d’images sur Internet, mais aussi avec lui, le monde de l’édition photographique a diffusé une esthétique particulière de la photographie contemporaine, mélange d’images à la sauvette, d’accidents et de parasites, de failles et d’infra-ordinaire. Ces images, on les retrouve aujourd’hui sur les stands des plus grandes galeries, souvent en petits tirages, à côté d’oeuvres de maîtres.
Un exemple captivant de ce glissement était, ce week-end, l’installation de la galerie Robert Morat (Hambourg) sur son stand à Paris Photo. Reprenant le contenu du livre de Christian Patterson, Redheaded Peckerwood, elle en avait exposé certains tirages, illustrant à l’occasion la variété et la richesse du projet. Mais la particularité de l’accrochage était de ne pas s’arrêter à ces tirages ; des extraits de presse étaient proposés à la lecture, et dans un coin, le petit chien en peluche du livre, couvert de poussière, trônait face au mur.
Depuis une dizaine d’années, nombre de photographes et d’artistes visuels se sont retournés vers le papier pour donner à leurs projets une vie plus concrète. La logique était ici poussée plus loin encore, jusqu’à faire de la photographie un des multiples éléments du flux composite d’une narration trans-média, pour un récit « palpable ».
Alors que dans la masse de l’édition photographique, les formes tendent à se répéter, on guette l’émergence de projets transversaux à l’allure de mondes à part.
Antoine Soubrier
Pour revenir sur le contenu des 3 grands évènements photo du week-end parisien :
Paris Photo au Grand Palais : http://www.parisphoto.com
Kiosk au Bal : http://www.le-bal.fr
Offprint aux Beaux-Arts : http://www.offprintprojects.com