André Magnin présente à Paris Photo Los Angeles sous le thème « Art, mémoires, documents » des tirages contemporains et des tirages vintage de Seydou Keïta, Malick Sidibé et J. D. ‘Okhai Ojeikere, ainsi que du chroniqueur des nuits congolaises Jean Depara (République Démocratique du Congo) et du studiotiste nigerian Paramount Photographers (Felix Akinniran Olunloyo).
Seydou Keïta est né en 1921 à Bamako, au Mali, et décédé en 2001. Il ouvre son atelier en 1948 et se spécialise dans l’art du portrait qu’il réalise sur commande en lumière naturelle et en noir et blanc. Keïta veut donner de ses clients la plus belle image, pleine de grâce et d’élégance.
Malick Sidibé est né en 1935 au Mali. Il vit et travaille à Bamako, où il a ouvert le Studio Malick en 1958 dans le quartier de Bagadadji, au coeur de la capitale en pleine effervescence depuis l’Indépendance. Malick Sidibé est présent dans toutes les soirées où les jeunes découvrent les danses venues d’Europe et de Cuba, s’habillent à la mode occidentale et rivalisent d’élégance. En 1957 il est le seul reporter de Bamako à couvrir tous les événements, fêtes et surprises-parties. Sidibé rapporte des images simples, pleines de vérité et de
complicité. Une insouciance et une spontanéité, une ambiance de fête, de jeux, de rires, de vie se dégagent de ses photos.
J.D.’Okhai Ojeikere, né en 1930, vit et travaille à Lagos, au Nigeria. Lors d’un festival en 1968, il prend, en noir et blanc au Rolleiflex 6 x 6, ses premières photographies consacrées à la culture nigeriane. Dès lors, et pendant quarante ans, il poursuit dans tout le pays ses recherches organisées par thèmes. Hair Style, riche de près de mille clichés, est le plus considérable et le plus abouti. Ojeikere photographie les coiffures des femmes nigerianes chaque jour, dans la rue, au bureau, dans les fêtes, de façon systématique, de dos, parfois
de profil et plus rarement de face. Son oeuvre, riche aujourd’hui de milliers de clichés, constitue par delà le projet esthétique, un patrimoine unique à la fois anthropologique, ethnographique et documentaire.
Le photographe Depara, né en 1928, est décédé à Kinshasa en 1997, grande capitale où I’on entend la rumba et le cha-cha-cha jour et nuit, et où il fit carrière. Le célèbre chanteur zaïrois Franco l’invite à ses soirées musicales, et devient le principal sujet des photographies de Depara qui installe son studio : Le Jean Whisky Depara. Il passe ses journées dans les bars réputés de la cité et la nuit, fréquente les boîtes de nuit à la mode. Il s’amuse à photographier ce monde de noctambules qui est fier de venir lui acheter ses tirages. Ses photographies noir et blanc saisissent avec pertinence la folle ambiance, l’aisance, la joie, l’insouciance et la SAPE (Société des Ambianceurs et des Personnalités Elégantes) de cette époque.
Le photographe nigerian Felix Akinniran Olunloyo est plus connu par le nom de son studio, « Paramount Photographers ». Olunloyo aurait quitté femme et enfants pour gagner Hollywood où il aurait été chauffeur puis photographe de plateaux avant de revenir à Lagos et installer son studio. Les portraits de « Paramount Photographers » ne laissent pas de place à une approche psychologique du sujet ni à la métaphore. Les photos sont délibérément froides, sans décor, au fond neutre ou sans fond. Ce sont des portraits sans préciosité, très concrets. « Paramount Photographers », ne montre aucune influence, aucune dette à la photographie occidentale.