Le premier Prix du Livre de Photo de Paris Photo / Aperture Foundation a été remis par un jury international à Anders Petersen pour son livre City Diary, publié par Steidl. Constitué de trois chapitres distincts faisant chacun l’objet d’un livret indépendant, cet ouvrage évoque par sa structure un journal intime, celui qu’Anders Petersen écrit visuellement avec son écriture brute et charbonneuse au rythme imparfait de ses rencontres aléatoires. La typographie imite volontairement le script de l’auteur, ajoutant à l’intimité qui définit si justement le travail de Pertersen. L’émotion y est aussi vive que les personnages qui animent les pages du livre, traduisant le pittoresque d’une société que les défauts rendent vraie. Les images denses y sont présentées en pleine page, happant le lecteur dans ce parcours émotionnellement intense. Ces trois premiers volumes seront complétés par d’autres, suivant les tête-à-tête du photographe avec le monde cru.
Le Prix du Premier Livre de Photo a quant à lui été décerné à David Galjaard pour son livre Concresco, autopublié. Illustration de cette tendance du marché ou les éditeurs sont désormais contournables parce que les savoir-faire éditoriaux sont devenus accessibles et que des plates-formes comme Amazon offrent une alternative en termes de distribution, cet ouvrage a été conçu par Katie MacGonigal et l’auteur. Ce prix évalue le travail photographique lui-même, mais surtout la façon dont le format imprimé, la mise en forme, le travail de matière et la taille retranscrivent justement l’essence des images. Concresco a justement été récompensé pour la façon dont, mêlant textes et images, l’ouvrage définit un style narratif à la fois classique et original.
Une mention spéciale a enfin été attribuée à Julian Baron pour C.E.N.S.U.R.A., publié par Editorial RM.
La diversité de ces récompenses reflètent la qualité d’un marché du livre de photo que l’explosion pourrait rendre médiocre et dont nous ne devons donc pas craindre la démocratisation.
Laurence Cornet