Pour sa 26e édition, la dernière avant son grand retour dans l’enceinte restaurée du Grand Palais, Paris Photo continue de donner la part belle au livre en accueillant 35 maisons d’édition, françaises et internationales. Notre correspondante Zoé Isle de Beauchaine est allée à leur rencontre.
Cette année encore, le secteur des éditeurs est un favori pour beaucoup et notamment Florence Bourgeois, directrice de la foire, qui le cite parmi ses coups de cœur : « Je trouve qu’une énergie particulière émane de ce secteur toujours foisonnant. Le livre photographique est à mes yeux en plein essor. Il est un médium essentiel pour promouvoir les œuvres des artistes auprès du plus grand nombre. »
Format accessible, le livre compte en effet parmi les premiers achats de bien des collectionneurs en herbe, qui, parfois se permettent un tirage de tête. Et quelle meilleure image, bien qu’un peu cocasse, que celle de la monographie consacrée à Arnold Schwarzenegger, trônant en majesté sur un socle antique rotatif au stand de Taschen, pour illustrer la qualité d’objet de collection ou en tout cas de valeur que peut endosser le livre photographique ?
Florence Bourgeois évoque un essor du livre photographique. Qu’en pensent les éditeurs ? Bien que le sentiment général soit celui d’un essoufflement ou en tout cas d’une grande difficulté qui, bien sûr, ne se limite pas au secteur du livre, la richesse des projets présentés sur les stands montre que chacun a su s’adapter. Emmanuelle Kouchner, à la tête de delpire & co depuis un an, souligne l’importance de dépasser un public de foire et d’atteindre des audiences plus large. C’est ce à quoi œuvre France PhotoBook qui a lancé en 2023 le premier Prix des libraires du livre de photographie. Tout en accroissant la visibilité du livre photographique, ce prix est surtout un moyen pour les libraires de s’approprier cette forme particulière pour mieux la diffuser.
En 2023, quatre éditeurs ont rejoint les allées de Paris Photo : les britanniques GOST, la maison arlésienne Poursuite, The(M) éditions dont les créations poussent l’art de fabriquer un livre à son paroxysme et enfin Puro Chile, tout droit venu du Chili où, nous disent-elles, faire appel à un éditeur n’est pas encore une évidence pour les photographes, qui préfèrent l’auto-édition.
Au fil des stands, le spectre des propositions s’élargit, de la vaste monographie consacrée à Saul Leiter chez Textuel à l’insolite histoire des ruches de RVB books en passant par le génial abécédaire de la psychiatrie publié par The Eyes ou Les Carnets, une collection initiée par delpire & co et l’Institut pour la Photographie (Lille) qui fait vivre les archives de photographes de manière élégante et très accessible au grand public.
Un anniversaire est également célébré dans une publication chez Textuel, celui des cinq ans d’Elles x Paris Photo, programme qui a permis un grand bon dans la représentation des femmes sur la foire. Notons également, dans le secteur principal, le lancement de Bolnichka [Hôpital], une publication tristement importante du photographe ukrainien Vladyslav Krasnoshchok qui a travaillé pendant 10 ans aux urgences de l’hôpital de Kharkiv.
Côté programmation, près de 300 signatures ainsi que les Artist Talks organisés par The Eyes permettront aux visiteurs d’échanger avec leurs photographes fétiches tout au long du weekend. Une installation étonnante et une performance organisée par bookshop M autour du projet Tokyo Toilet de Daido Moriyama animera quant à elle chaque jour le secteur édition. Enfin, vendredi 10 sont annoncés les lauréats des trois sections du Prix du Livre Paris Photo – Aperture : celle du livre photo de l’année, celle du premier livre et celle du catalogue photographique de l’année.
Vendredi 10 étaient également annoncés les lauréats des trois sections du Prix du Livre Paris Photo – Aperture : le prix du livre photo de l’année est attribué à Vince Aletti pour The Drawer (SPBH Editions), celui du premier livre à Carla Williams pour Tender (TBW Books) et celui du catalogue photographique de l’année à The Public Life of Women: A Feminist Memory Project de Diwas Raja Kc and NayanTara Gurung Kakshapati (Nepal Picture Library). Enfin une mention spéciale a été donnée à l’ouvrage Recaptioning Congo: African Stories and Colonial Pictures de Sandrine Colard (Lannoo Publishers et Fotomuseum FOMU).
Mercredi, jeudi et vendredi les allées du secteur livre n’ont en tout cas pas désempli, confirmant l’influence toujours croissante de cet objet dont l’éclectisme comblera tous les goûts.
Zoé Isle de Beauchaine
