Je me suis investi dans l’âme d’un directeur de fondation ou d’un conservateur de musée pour oser m’intéresser à des acquisitions mémorables. Dans ce cas, il n’est plus question de budget puisque les contre parties financières se chiffrent en plusieurs dizaines de milliers d’euros. Je vous propose six œuvres à partager, à contempler et à savourer selon mes critères personnels bien entendu.
de Beauvoir [Trevor Paglen]
J’ai trouvé ce portrait de Simone de Beauvoir très touchant et d’une justesse photographique parfaite. Cette image est l’instant magique de la rencontre -décalée dans le temps- de deux créateurs avec deux fortes personnalités qui s’effacent complètement pour nous offrir une photographie exceptionnelle. La cheffe de file de la pensée et de l’action féministe rattrapée par son espace de sensibilité poétique par Trevor Paglen.
Gustav Klimt [Moriz Nähr]
Le père de «l’arbre de vie», célèbre peintre autrichien du début du XXe siècle, immortalisé par Moriz Nähr, deux ans après la présentation conceptuelle de sa frise. Photographiquement, encore une œuvre parfaite avec une participation active et sans fausse note de Gustav Klimt et de son chat au diapason. Tout est à la portée du lecteur en une seule photographie et comme précédemment la notoriété du sujet n’est qu’un des éléments de construction de ce chef d’œuvre.
[Richard Learoyd]
Une nature morte (ou presque) que ce bouquet en déperdition de Richard Learoyd qui a été immortalisé pendant le grand confinement de 2020. Il s’agit d’un exemplaire unique de quatre prises de vues directes. La qualité de cet Ilfochrome est tout à fait remarquable pour cette photographie très récente.
Estudo modern [Gaspar Gasparian]
Cette étude très graphique de 1958, réalisée par Gaspar Gasparian accrochée dans un coin de stand a immédiatement attiré mon attention. Le travail est parfait et la recherche est très sophistiquée pour un sujet au demeurant très banal. Le tirage argentique traditionnel de l’époque est d’une qualité irréprochable, à priori. Une valeur très sure pour une photographie qui marque parfaitement les diverses créations de cette période.
Dyptique Max & Helena [Pierre Gonnord]
J’ai toujours aimé le travail de Pierre Gonnord et ses portraits gigantesques qui de par leur taille perdent, à mon sens, la qualification de portraits. L’effet est accentué par cette présentation en diptyque. Peu importe la femme, peu importe l’oiseau, nous sommes dans une histoire de regards, plus encore dans la confrontation de ce qui peut se passer derrière deux yeux. L’œuvre est d’actualité.
Canasta de Luz [Flor Garduño]
Enfin une des très belles photographies, photographie en noir et blanc imprimée au charbon, de Flor Garduño. Cette très belle image proposée par la Galerie Sophie Scheidecker portait le numéro 7 sur 10 et m’a semblé un peu onéreuse pour une créatrice qui produit beaucoup et avec des numérotations un peu souple. Ce qui ne retire rien à la beauté de cette image de la fin du siècle dernier.
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