Heatwave
Travail réalisé dans le cadre du Prix de la Maison Ruinart
Exposition au Promenoir, Grand Palais, 7 – 10 Novembre
Si la photographie et le champagne partagent un dénominateur commun, il s’agit bien de la lumière. Alors que la première ne s’écrit que par la lumière, le second s’en nourrit. Le roi des vins naît du contrôle de l’impact des rayons lumineux à toutes les étapes de sa fabrication. L’inclinaison des coteaux est ainsi calculée au mieux pour capter les rayons du soleil. Les caves sont scrupuleusement protégées des rayons UV qui pourraient venir donner au champagne un « goût de lumière » gâchant ainsi la subtilité de ses arômes.
Pour réaliser ce travail, j’ai expérimenté pour m’écarter de la pratique commune du médium photographique, appareil en main. J’ai cherché d’autres possibles. Dans Heatwave, se mêlent ainsi à des photographies « conventionnelles » des moyens de captation de la lumière expérimentaux, comme les rayogrammes — réalisés en filtrant les rayons lumineux à travers des matériaux utilisés pour protéger le champagne du « goût de lumière ».
Ainsi, ces photographies aux couleurs incandescentes se sont révélées sous les verres teintés des bouteilles de champagne mis au point au fil des siècles pour protéger ce nectar de la lumière.
A travers ce travail sur la lumière, j’ai souhaité soulever la question du changement climatique qui modifie le lien intrinsèque entre l’homme et la nature, alors les vendanges se sont faites en 2019 sous un soleil de plomb, avec plusieurs semaines d’avance par rapport à la moyenne de la fin du siècle dernier, et après des épisodes de canicule estivale qui ont mené à la perte d’une partie de la récolte. Heatwave est aussi un hommage au savoir-faire, aux métiers et aux secrets de la Maison Ruinart pour offrir chaque année un vin égal à lui-même malgré les aléas climatiques.
Elsa Leydier
Elsa Leydier (1988, France), vit et travaille à Rio de Janeiro. Au Brésil où elle s’est installée en 2015, Elsa Leydier détourne la charge politique d’images iconiques dans chacun de ses projets, chaque fois avec une esthétique différente.
Dans Plátanos con platino et dans Braços verdes e olho cheios de asas, l’artiste modifie les couleurs de ses photographies réalisées en Amérique latine pour produire une image « pop » et lumineuse, faisant remonter à sa surface la richesse de la biodiversité. Par une esthétique qui emprunte les codes au luxe, Elsa Leydier revalorise un territoire et des habitants livrés à la spéculation foncière. Elle rejoint l’émerveillement du poète Garcia Marquez qui écrit en 1954 quand il découvre cette région : « Si quelqu’un avait eu l’idée de semer un bananier, les fruits auraient poussé chargés de pépites de platine.»
Avec Les Echappées, Elsa Leydier réécrit, par la poésie, des cartes socio-économiques. De ces cartes, dont elle efface les mentions chiffrées et la légende, elle ne retient que des tâches rouge sang, l’empreinte des maux recensés (esclavage moderne, assassinats d’indiens…), sur une nature iconique.
Son projet le plus récent, Brazil Error System (#Eleñao), prend la forme de caissons lumineux en bois et verre imitant un téléphone mobile. Ce sont des témoins silencieux de la campagne présidentielle 2.0 menée par Jair Bolsonaro, actuel président du Brésil, dans le vacarme des réseaux sociaux. Fin 2018, pendant la campagne présidentielle, Elsa Leydier tape le mot « Brésil » dans un moteur de recherche. Elle obtient une série d’images « clichés » d’un Brésil allègre. En insérant dans le code texte de chacune des images les invectives prononcées par le candidat Bolsonaro, l’artiste modifie l’ADN numérique de « la belle image » et créée un bug visuel (technique du glitching). Mais est-ce vraiment l’artiste qui abîme l’image du Brésil?
Yan Di Meglio, Directeur de la galerie Intervalle
Transatlántica
galerie Intervalle
Secteur Curiosa, stand SC-6
solo show de Elsa Leydier
Prix de la Maison Ruinart – Paris Photo 2019
Lauréate du Prix Dior de la Photographie pour Jeunes Talents 2019
Paris Photo 2019
Novembre 7–10, 2019
Grand Palais Paris