C’est à 15 ans que Michel Giniès manie ses premiers objectifs. Trois ans plus tard, il entre au laboratoire des Reporters Associés pour apprendre le tirage noir et blanc. Puis il rejoint l’agence Team International, ensuite Apis, et, à 20 ans, franchit les portes de Sipa Press. Il couvre les soirées, les premières de spectacles, les faits divers et les voyages…
Le rapport entre Michel Giniès et les célébrités qu’il photographie est celle d’une curieuse complicité. Fan de cinéma depuis l’enfance, il aborde son sujet avec révérence. Il fait partie des derniers paparazzi qui ont pu approcher les personnalités de près, avec discrétion et discernement, avec tact et fair-play, sans dépasser les limites, et toujours sur le vif.
Les images de Michel Giniès ne peuvent plus être réalisées aujourd’hui. Les lignes ont été franchies depuis longtemps. Le mot « paparazzi » n’a plus le même sens. On ne pardonne plus le fruit des regards intrusifs. Les photographes dehors! No photos please ! Les publicistes fabriquent les « instants », mettent en scène la spontanéité, pour créer une fausse proximité. Les magazines retouchent les photos.
La trentaine de tirages noir et blanc de Michel Giniès exposés à la galerie Photo Vivienne sont emblématiques d’une époque, avant l’arrivée du négatif couleur. Ce choix esthétique, assumé par l’artiste, est une forme de nostalgie de « ces années-lumière pendant lequel j’ai côtoyé artistes, chanteurs, acteurs, réalisateurs, écrivains que j’ai photographié tant que je pouvais, comme pour arrêter le temps (1) ».
Les photographies de Michel Giniès ont été publiées dans les plus grands magazines internationaux : Life, National Geographic Magazine, Paris Match, Jours de France, Time, Newsweek, Stern, L’Express, Oggi, Nouvel Obs, Géo, pour ne citer qu’eux.
A l’occasion de son exposition Sur le vif chez Photo Vivienne à Paris, et sa participation à l’exposition Paparazzi ! au Centre Pompidou-Metz, Michel Giniès a répondu aux questions de L’Œil:
L’Œil : Quelle est votre définition d’un « paparazzi » ?
Michel Giniès : Un photographe qui fait une photo sans y avoir été invité, ou qui va la chercher plus loin que les autres, ou qui photographie même si on lui demande d’arrêter .
L’Œil : Quelle est la différence entre un paparazzi de 1970 et 2014?
M. G. : En 1970, on était des photographes de contact, proches des gens qu’on photographiaient. L’arrivée des téléobjectifs puissants dans les années 1980 a permis aux photographes de se mettre plus loin, cachés pour pouvoir prendre des photos sans être vus de leur victimes.
L’Œil : Quel est votre plus gros scoop?
M. G. : Peut-être en 1984, sur le plateau de 7/7, quand Serge Gainsbourg a brulé son billet de 500 francs… J’ai les photos avant, pendant et après cet évènement médiatique.
L’Œil : Quelle est votre photo préférée?
M. G. : J’aime beaucoup la photo de Catherine Deneuve en colère qui fonce vers moi : sur cet instantané, elle est d’une beauté folle. Mais j’aime aussi le sourire de Jack Nicholson devant Chez Lipp. Il a été si gentil avec nous pendant ces plusieurs jours passés à Paris …
EXPOSITION
Sur le vif, de Michel Giniès
Jusqu’au 25 mars 2014
PHOTO VIVIENNE
4, Galerie Vivienne
75002 Paris
www.photovivienne.com
Du mardi au vendredi de 14h à 19h,
samedi de 11h à 19h et sur rendez-vous
Paparazzi !, Photographes, stars et artistes.
Jusqu’au 9 juin 2914
CENTRE POMPIDOU-METZ
1, parvis des Droits-de-l’Homme
57000 Metz – FRANCE
www.centrepompidou-metz.fr