Les grands noms de la photographie du XXe siècle — Eugène Boubat, Willy Ronis ou Brassai — ont fixé la Samaritaine sur la pellicule, faisant du décor de sa monumentale façade au-dessus du pont Neuf l’icône d’un Paris éternel. Dans la continuité de cette relation, nous avons souhaité donner, par le biais du mécénat, sa place à la jeune photographie, qui par la diversité de ses modes d’expression et son imaginaire, est une invitation à la réflexion sur l’identité d’un quartier .
Nous avons ainsi pour la deuxième année consécutive donné carte blanche à 10 jeunes photographes, tous étudiants ou diplômés de l’Ecole des beaux-arts de Paris, voisine de la Samaritaine, les conviant cette fois à “sortir” du bâtiment lui-même pour réaliser un travail d’auteur sur le “quartier Samaritaine”. Un cœur de Paris chargé d’histoire, riche des traces de sa mémoire, mais qui vit aujourd’hui une situation transitoire dans l’attente d’une renaissance du grand magasin qui en fut la locomotive.
Le résultat, ce sont dix itinéraires particuliers, dix représentations parfois étonnantes mais qui toutes interpellent par leur originalité.
après le succès de l’édition 2013, Ma Samaritaine 2014 sera l’occasion de redécouvrir le quartier de la Samaritaine à travers les œuvres exposées. Comme l’an passé, habitants, promeneurs et amateurs de photographie pourront découvrir l’ensemble de ces travaux dans une galerie éphémère aménagée au 67/73, rue de Rivoli.
Carte blanche à 10 jeunes photographes
Ils sont dix, tous élèves ou anciens élèves de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris qui, sur la rive gauche de la Seine, fait face au bâtiment amiral de La Samaritaine.
Contrairement à l’an dernier, ils n’ont pas documenté, exploré, investi de leur fantaisie ou de leur imaginaire l’intérieur de l’édifice mais leur carte blanche les a amenés, en toute liberté, à parcourir le Quartier Samaritaine. Un territoire complexe entre la rue de Rivoli et la Seine, Le Louvre et la place du Châtelet, un espace urbain difficile à définir et dont on sait qu’il est amené à se transformer autour, entre autres, de la future Samaritaine .
De fait, ces jeunes filles et jeunes gens ont poursuivi là leurs travaux de recherche, ont confronté leurs interrogations à un réel à restructurer sur le mode d’expression qu’ils ont choisi aet ont tenté des définitions à la fois de leur pratique et de leurs outils.
Ils ont inventé des parcours, choisissant des perspectives à chaque fois différentes et des logiques variées, ils ont interrogé le sens du noir et blanc, pratiqué la couleur entre peinture et réalisme, pratiqué la narration, choisi l’approche poétique ou l’inventaire strict, questionné l’histoire ou évoqué les actuels habitants du quartier mais, toujours, ils ont voulu s’en tenir à un projet précis, ont développé une démarche.
Si ces approches conceptuelles sont fortement marquées, elles ne sont pas obligatoirement austères. Elles réservent des surprises, des émotions, du sentiment, elles nous entraînent vers des visions de ce que nous n’appréhendons pas lorsque nous sommes de simples passants, et, finalement, elles dessinent, pour chacun des intervenants un “quartier” possible, qui n’existe pas au-delà de leur subjectivité, qui n’existera peut-être jamais .
Côte à côte, ces dix regards d’aujourd’hui nous invitent également à nous interroger sur ce qu’est la photographie et sur ce à quoi elle peut servir dans un monde traversé de milliards d’images en tous sens. Certainement à ralentir le flux, à prendre le temps, à découvrir. A voir, si tant est que cela soit encore possible.
Christian Caujolle
Commissaire de l’exposition Ma Samaritaine 2014
Photographes : Louis Boulet – Clotilde Viannay – Emeric Lhuisset – Isabella Hin – Chao Liang – Charlotte el Moussaed – Mats Gustau – Samuel Bouaroua – Pierre Seiter – Victor Vaysse.
EXPOSITION
Ma Samaritaine 2014
Jusqu’au 21 décembre 2014
Commissaire : Christian Caujolle
67-73, rue de Rivoli
75001 Paris