Jusqu’au 31 août, la Maison européenne de la photographie présente une rétrospective du travail de Marie-Paule Nègre. La journaliste Magali Jauffret a écrit deux très beaux textes sur son travail photographique, notamment sur les deux thèmes que nous reprenons ici, l’aisance et la misère. Elle nous a permis de reprendre ce texte. Qu’elle en soit remerciée.
Contes des temps modernes ou la misère ordinaire
Fin des années 1980, surgit, dans le vocabulaire économique et social français, le terme de RMI (revenu minimum d’insertion), et concomitamment celui de « nouveaux pauvres ». Il qualifie les ouvriers qui, travaillant, ne gagnent pas assez pour vivre, des femmes au foyer n’ayant jamais travaillé, des paysans retraités et sans ressources, des jeunes n’ayant droit à aucune aide, et d’autres qui, lâchés par les mines, l’industrie sidérurgique ou le textile, se retrouvent chômeurs, inutiles, précarisés. En 1988, le Secours populaire demande à Marie-Paule Nègre d’aller à leur rencontre en plusieurs lieux de l’Hexagone, du Nord-Pas-de-Calais à Longwy, Marseille ou Manosque, sans doute parce que les signes de la pauvreté que nous donne à ressentir la photographe ne sont pas les mêmes partout.
Marie-Paule découvre une situation bien pire que celle qu’elle avait imaginée : « J’ai souhaité rendre visible la misère ordinaire, dont la banalité grandissante finit par voiler l’insupportable constat, dit-elle. À première vue, rien que de très banal. Aucun signe extérieur de pauvreté criant. Et puis on aperçoit des détails qui en disent long : une dent qui manque, un regard un peu trop vide, un rire trop proche de l’hystérie. »
Contes des temps modernes ou l’aisance ordinaire
En réaction à son immersion dans la misère, la photographe, à l’occasion d’une commande du ministère de la Culture, s’introduit dans le milieu de la jeunesse dorée, faite de riches héritiers et héritières qui fréquentent les rallyes, les courses de chevaux, où l’on se retrouve entre soi et en terrain conquis. Ce faisant, elle marche dans les traces de la photographe américaine Diane Arbus, qui avait documenté, pour le magazine Vanity Fair, la vie des pauvres et des riches.
EXPOSITION
Marie-Paule Nègre
Mine de rien…
Du 4 juin au 31 août 2014
MEP – Maison européenne de la photographie
5/7, rue de Fourcy
75004 Paris
France
LIVRE
Marie-Paule Nègre
Textes : Magali Jauffret
Editions Terre bleue
Un coffret contenant 11 livrets thématiques
Plus de 200 photos
268 pages
21 x 29,7 cm (L x H)
ISBN: 9782909953366
42 €
