Tout comme le chocolat ou l’automobile, la mort s’expose lors d’un salon dédié. Le Salon de la Mort ! ponctué de son point d’exclamation, se déroulera les 8, 9 et 10 avril 2011 au Carrousel du Louvre à Paris.
À l’origine de ce projet, deux grands professionnels de l’organisation de salons : Jean-Pierre Jouët et Jessie Westenholz, les créateurs de la FIAC, du Salon du Livre, ou même du Salon Nautique pour ne citer que ceux-là.
Dans l’une des sociétés occidentales où la mort reste particulièrement taboue, nous voyons s’ouvrir le premier salon grand public au monde ne s’adressant pas uniquement aux thanatopracteurs et autres employés de pompes funèbres, mais à tous, avec ce seul message : « Parler de la mort pour mieux vivre ».
Un parcours artistique ponctué de découvertes est organisé pour offrir aux visiteurs une autre approche de la mort. De nombreux artistes et galeries participent à l’événement.
C’est le cas d’Eric Dexheimer (Signatures Maison de Photographes), qui présentera son travail In Fine. Ses photographies évoquent une mort sereine, telle une vie continuée, entre ombre et lumière. Avec respect et retenu, le photographe pose son regard sur les corps sans vie. Des images qui nous plongent dans les ténèbres répondent à des clichés évanescents, lumineux comme une expérience de mort imminente. (Stand G1 – Salle Delorme)
La galerie Baudoin Lebon expose Photo Vanitas avec les œuvres de Malala Andrialavidrazana, Patrick Bailly-Maître-Grand, Henri Foucault, Alex Van Gelder et Joël-Peter Witkin. Cette exposition est un coup de projecteur sur un petit nombre d’auteurs contemporains qui jouent avec la mort, ou plutôt avec la vie. (Stand D3 / E2 – Salle Delorme)
La photographe Sophie Zénon (Galerie Alb) quant à elle, propose des images issues d’un vaste sujet en cours de réalisation intitulé In Case We Die : une série sur les momies des catacombes des Capucins de Palerme. Elle travaille sur la représentation du corps après la mort en Occident. Elle s’interroge sur la distance qui s’est accrue depuis le milieu du XXème siècle, entre les oeuvres classiques, familières dans leur approche de la mort, et nous. Comment, aujourd’hui, dans un contexte de déni de la mort, figurer l’infigurable ? Animée par un fort désir de réconciliation avec la mort, sa démarche invite chacun à méditer sur le sens de l’existence, à un moment où notre destinée collective se dessine de plus en plus sombrement. (Stand B1 – Salle Delorme)
Et pour finir, André Chabot, photographe spécialiste des cimetières et de l’art funéraire, présente une série issues de ces nombreuses images de nécropoles moderne : Concert de silence. Dans le silence des champs de repos éternel où la jeune fille et la mort s’enivrent dans une danse macabre qui peu à peu s’engourdit en pavane pour une infante défunte, cénesthésie de notre mémoire sur la tombe d’un musicien : c’est sa manière à lui, suggestive, impérative, magique, de demeurer parmi nous, presque à notre insu, de se prolonger en légères sonatines ou en études transcendantales, c’est selon. Ce musicien, qui, par quelque privilège inouï, se serait approché de l’âme du monde à travers sa rencontre avec les harmonies célestes nées du mouvement des sphères sur leur orbite. Ne dit-on pas « le divin Mozart » ? (Stand J9 – Salle Soufflot)
Ericka Weidmann