L’art contemporain est, avec la musique classique, l’un des deux axes de la politique de mécénat culturel du groupe Société Générale. initiée en 1995, la Collection société Générale rassemble près de 350 œuvres originales et 700 lithographies, éditions et sérigraphies, constituant l’un des plus importants ensembles d’art contemporain réuni par une banque en France. structurée autour de trois axes, peinture, sculpture, photographie, elle conjugue des œuvres d’artistes à la renommée confirmée et des œuvres de nouveaux créateurs. Cette diversité s’est accentuée ces dernières années avec l’ouverture à de jeunes talents issus de scènes artistiques émergentes, en écho à l’internationalisation du Groupe.
« Quelle que soit la manière dont on en use, l’art est un voyage, il nous transporte dans des mondes particuliers inouïs, voyage sensoriel, intellectuel, onirique peut-être, mais qui toujours nous entraîne au-delà de nous-mêmes, au-delà des limites de notre univers personnel. Un tel voyage met directement en jeu la posture que nous adoptons devant les œuvres, le degré d’attention que nous leur prêtons, le temps que nous accordons à chacune, ou à l’inverse l’impatience qui nous fait passer de l’une à l’autre, la distance plus ou moins grande enfin à laquelle nous nous tenons. Dans cette invitation aux voyages, les œuvres agissent sur nous selon leur nature propre. la photographie, par exemple, serait-elle comme on l’a souvent dit une fenêtre ouverte sur le monde, capable d’en révéler certains aspects et de témoigner de ce qui est ou a été ? sans doute, mais chacune de ces vues, loin d’apparaître comme un constat objectif, raconte aussi et peut-être surtout l’aventure d’un regard qui ordonne et dispose le monde. Ce que nous voyons, c’est selon le mot de Ernst Gombrich non pas les choses elles-mêmes, mais « la place regardée des choses ». La peinture, à l’inverse, ne prétend pas représenter mais plutôt instituer des mondes, autant de mondes qu’il y a d’artistes. elle serait une sorte d’écran, un subjectile, sur lequel le peintre projette son univers personnel et sa transfiguration, sa réinvention du monde. peinture, photographie ou sculpture (pour ne rien dire de la vidéo et des installations), chaque forme induit des postures et des lectures différentes, et c’est une phénoménologie de ces relations qu’il faudrait faire pour caractériser chacun des voyages dont il est question. dans chaque cas, le spectateur doit se tenir prêt à une nécessaire défamiliarisation, une perte de repères qui n’est pas le moindre des plaisirs offerts par la rencontre avec les œuvres d’art.
Cette rencontre suppose des temporalités différentes selon les œuvres et selon celui qui les regarde. souvent nous passons vite devant elles, impatients de la suivante, comme si la vérité de l’une était cachée dans celle qui vient après ou comme si un enchaînement mystérieux les liait ensemble,
en un récit dont la clé est toujours à venir.
Mais parfois aussi nous nous arrêtons longuement devant telle ou telle. alors s’ouvre pour nous un monde imprévisible jusqu’alors. la plongée et l’absorbement dans une œuvre particulière révèlent une vie propre, quasi-organique, qui ne se laisse pas réduire à une impression rapide. le parcours qui est ici proposé à travers la Collection société Générale se développe en deux branches distinctes, qui se réunissent en une boucle. si on aborde la visite par le côté Chassagne, on découvrira successivement comment les œuvres s’ouvrent ou se ferment au regard (première partie : le monde comme regard ; deuxième partie : Faire écran). Si on l’aborde par le côté Alicante, chaque œuvre apparaîtra comme un monde en soi, avec ses propres règles, et peut-être même son propre langage secret (troisième partie : manières de faire des mondes ; quatrième partie : Une langue inconnue).
Régis Durand
Collection d’Entreprise
L’exposition n’est accessible que de façon limitée aux non salariés.
Projets d’inscriptions par groupe via la page Facebook de la collection qui va être développé prochainement.