« Quand je tourne mes films, la tension entre récit et abstraction est capitale parce que j’ai appris le cinéma à travers des films faits par des peintres. A travers leur façon de retravailler le cinéma, et de ne pas adhérer aux règles traditionnelles qui le régissent. Il ne s’agit jamais, pour moi, d’apprendre ce que l’industrie vous dit de faire ou de ne pas faire-et c’est ce qui continue de me préoccuper aujourd’hui ».
Cette phrase de Gus Van Sant introduit l’exposition qui lui est consacrée pour la première fois en France à la Cinémathèque jusqu’au 31 Juillet.
Cinéaste, photographe, peintre et plasticien, Gus Van Sant nous est ici livré dans son intimité créatrice, son univers artistique multiforme.
Dans une première grande salle blanche intitulée « Photography », plusieurs séries sont exposées: Cut-Ups, Hanson en 24X36 noir et blanc dans un cadrage rigoureux, des agrandissements de polaroïds de William Burroughs et David Bowie. Un grand nombre de polaroids, réalisés entre 1983 et 1999, est dévoilé à l’intérieur d’un carré blanc surmonté d’un plafond lumineux. La lumière que le photographe diffuse intensifie une vision humaine et classique du portrait, une douceur dans la relation avec son sujet photographié.
De stars ou d’anonymes, les photos sont directes, naturelles et s’amplifient par une neutralité ou une d’empathie du photographe.
Adjacente à cette grande salle, une petite chambre noire nous fait découvrir la biographie de Gus Van Sant et trois petits écrans qui projettent des nuages. Ecrans que l’on retrouvera en déambulant durant tout le parcours et qui nous rappellent que ce réalisateur est tout aussi doué pour diriger des films grand public que des chefs d’oeuvre indépendants. Abstraction, poésie, regard sur le corps, sur la jeunesse, la vision est impressionnante.
La salle « Constellations », pièce blanche également, dont le blanc dégradé laisse apparaître les nervures du bois, provoque une sensation mi-muséale mi-underground. Là encore, la scénographie épouse parfaitement l’univers de Gus Van Sant: Photos de tournages, d’acteurs, documents, storyboard original de Mala noche, projets d’affiches jusqu’à ce fascinant schéma qui décrit à l’aide de feutres de couleur les déplacements des personnages d’Elephant : surgit alors sous nos yeux le squelette du film.
« Painting », troisième salle, d’un blanc classique, nous offre avec simplicité les aquarelles, collages, sérigraphies et techniques mixtes de Gus Van Sant avant de nous accompagner vers le noir de la dernière pièce « Music ». Une fois encore, Gus Van Sant nous fait partager l’une de ses expérimentations.
Avant de quitter l’exposition, une dernière phrase d’un anonyme, celle-ci lue dans le livre d’or : « La plus sobre, mais l’expo que j’ai préférée à la cinémathèque, merci GVS »
EXPOSITION
Gus Van Sant
Exposition & Films
Du 13 avril au 31 juillet 2016
Cinémathèque Française
51 Rue de Bercy
75012 Paris
France
http://www.cinematheque.fr