C’est à sa retraite, passé soixante ans, que Gilbert Garcin s’est passionné pour la photographie. Plus exactement pour les histoires qu’elle lui permet de raconter. Le résultat, plus de vingt ans après, est une oeuvre étonnante et unique dont cette exposition rassemble quelques perles.
Les saynètes inventées et réalisées par Gilbert Garcin sont faussement simples. Les moyens employés le sont : une table pour théâtre, des images découpées, quelques accessoires et un projecteur de diapositives… C’est un bricolage ingénieux mais rudimentaire, qui ne doit rien aux techniques numériques. Mais leur élaboration, de la première idée à la réalisation, ainsi que les résonances, réflexions, qu’elles suscitent en nous, voilà qui l’est moins. De vingt années de travail, Gilbert Garcin a gardé environ deux cent soixante images, soit une moyenne approximative de treize par année. C’est donc beaucoup d’efforts pour arriver à la simplicité essentielle de ces fables en images.
Leur succès est impressionnant et dépasse les frontières. La réussite de Gilbert Garcin depuis sa première – et tardive – exposition en 1993 semble un miraculeux parcours consacré en 2013 par une rétrospective aux Rencontres d’Arles.
Les photographies de Gilbert Garcin sont tour à tour évidentes et énigmatiques, humoristiques ou sombres, la gamme de sentiments qu’elle suscitent se décline au fil de l’oeuvre, des humeurs de l’auteur et du spectateur. Certaines d’entre elles ont un sens immédiatement perceptible qui allie impact visuel et évidence de la métaphore. D’autres cultivent une part de mystère, et leur charme tient dans les chemins qu’elles ouvrent à l’imagination vers des lectures diverses. C’est le coté « surréaliste » des images de Garcin. Mais c’est le personnage qui subit et construit ces saynètes, ce Mister G à l’allure d’un Tati vieillissant, qui fait définitivement la saveur de cette oeuvre (sans oublier celui, secondaire mais essentiel, de sa femme Monique). Ce protagoniste imperturbable et opiniâtre, s’attaquant aux grands et aux petits problèmes de la vie avec la bonne foi du naïf, reste la grande création de Gilbert Garcin, qui a ainsi inventé un personnage (à moins qu’il n’ait dessiné son propre portrait ?) archétypique et inoubliable. Nous sommes heureux d’accueillir Gilbert Garcin à la galerie avec cette première exposition qui poursuit un but à la fois modeste et ambitieux : Faire de son mieux pour servir une oeuvre unique, fruit de la passion tardive pour la photographie d’un monsieur tout le monde devenu « Mister G ».
Didier Brousse
EXPOSITION
Faire de son mieux de Gilbert Garcin
Du 6 mai au 12 juin 2015
Galerie Camera Obscura
268, boulevard Raspail
75014 Paris