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Paris : Claude Guillaumin, Woman world

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Il fait partie de la génération Blow up ! Celle de tous ces photographes de mode français qui ont monopolisé la plupart des magazines occidentaux, de Vogue à Bazaar, de Nova à Twen, du Jardin des modes à Elle, de 20 Ans à Marie-Claire dans les années 70 et début 80. Claude Guillaumin expose en ce moment ses photographies de nus à la galerie ARTPHOTOBY jusqu’au 8 juillet 2016.

Claude Guillaumin naît, en décembre 41, d’un père, fonctionnaire au Ministère des Finances, passionné de littérature, de musique et de peinture et d’une mère femme au foyer.

Démarrage

En 1964, pendant son service militaire à l’Etablissement Cinématographique des Armées, Claude Guillaumin rencontre Pierre Houles, passionné de photo. A l’époque le jeune Claude souhaite devenir architecte, mais au contact de son nouvel ami, il découvre la photo et en particulier la mode et ses mannequins.

Après leur service et quelques mois d’assistanat photo, les deux complices partent ensemble pour New York à la rencontre des plus grands photographes.

L’action se situe fin 1966. Peu de « frenchies » dans la Big Apple cette année-là. Gilles Bensimon, André Carrara, Alex Chatelain, Patrick Demarchelier, Marc Hispard, Mike Reinhardt, y arriveront dans les années 70.

Isi Véleris, déjà installé dans son propre studio sur Park Ave South, s’avère le centre de la « french mafia ». Lors de ses passages à NY, Guy Bourdin y travaille et le duo de copains l’assiste.

Ces années d’apprentissage, de 1967 à 1970, représentent pour les deux jeunes Français un choc permanent tant le monde américain est différent de celui du vieux continent. Ils se retrouvent noyés en permanence dans une multitude d’événements artistiques, contestataires, dont ils ne peuvent imaginer l’ampleur, tant cette effervescence leur paraît normale à vivre au quotidien.

Débuts

Malgré une paye d’assistant de 50 $ par semaine chez Norman Carlson (ancien assistant d’Irving Penn), la vie est belle pour le duo. Photographe de natures mortes, Norman est spécialisé dans les plats cuisinés. Les deux copains passent de joyeuses journées à s’empiffrer de crèmes glacées, cheese cake et autres gourmandises estampillées Sara Lee.

Ils participent à toutes sortes d’événements : Concerts en été à Central Park et à Woodstock, premiers pas sur la lune en 1969 en direct sur un écran géant, rencontres avec les artistes de l’époque : Arman, Basquiat, Venet Bernar, John Chamberlain, Christo, Alain Jacquet, Keith Haring, Jim Morrison, Nico (chanteuse du Velvet Underground), Richard Serra, Andy Warhol, Ultra Violet lors de soirées chez Max’s Kansas City, au Club 54 et dans les riches « parties » Uptown.

En 1969 Claude Guillaumin s’installe au Carnegie Hall. Dans ce lieu emblématique de la vie artistique new-yorkaise, il côtoie les photographes Bill Cunningham, Art Kane, Edita Sherman, les mannequins Christie Brinkley, Cathee Dahmen, Viviane Fauny, Valérie Vidal, l’illustrateur de mode Antonio Lopez, qui l’introduit dans le milieu porto-ricain.

Après son passage instructif chez Norman en matière de lumière et de contre-jour, Claude Guillaumin effectue des missions d’assistanat free-lance pour Art Kane, Bob Richardson, Jo Santoro, et des stages de laboratoire chez Chris Von Wangeinham.

Le soir, il suit les cours de Milton Glaser (graphic designer) à la School of Visual Arts.

Succès

En 1969 Miki Denhoff, directrice artistique du magazine Glamour, lui offre son premier travail, une couverture et un sujet « Beauté » avec le super model de l’époque : Cheryl Tiegs. Le succès est instantané et leur collaboration durera plusieurs années. En 1970, séduit par ces parutions, le magazine ELLE demande à Claude Guillaumin de venir à Paris pour des séances de prises de vue.

De 1970 à 1986, sa vie se partage entre Paris et New York. A New York, il travaille pour les magazines Esquire, Glamour, Instyle, Mc Calls, Redbook, Seventeen… Il effectue des campagnes publicitaires pour Avon, Cover Girl, Fashion, L’Oreal, Revlon…

En France tous les magazines se l’arrachent : Biba, Cosmopolitan, Elle, Le Jardin des Modes, Madame Figaro, Marie Claire, 20 Ans, Playboy, Vogue, Votre Beauté. En Italie aussi : Harpers Bazaar Italie, Grazia Italie.

Dior, Chanel, Clarins, Dior Dim, Rosy font appel à lui.

Philosophie

Claude Guillaumin s’intéresse davantage à la femme qu’au vêtement porté par le modèle aussi sera-t-il surtout reconnu et apprécié pour ses photos de « Beauté ». Il excelle à réaliser des images intemporelles au cours de séances « after shooting ». Il réalise alors des portraits de femmes sans artifices – à l’opposé des poupées Barbie d’aujourd’hui à la peau lissée par Photoshop – de façon à capturer leur lumière intérieure. Aux Tops Models, il préfère les mannequins débutants qui le séduisent par leur candeur et leur ingénuité. Sans doute son côté Pygmalion ! Ainsi conçoit-il en 1986 pour Madame Figaro le premier sujet rédactionnel d’une Carla Bruni toute novice !

Meilleurs souvenirs 

– En 1974, John Casablancas lui demande de réaliser un calendrier pour l’agence Elite : une première chez les agences de mannequins !

– De 1971 à 1976, Claude Guillaumin travaille par intermittence, mais en toute liberté, pour le magazine 20 Ans. Sous la direction de la talentueuse Anne Marie Perier. Il effectue des séries de photos qui seraient certainement censurées aujourd’hui pour leur audace.

– En 1993, Juliette Boisriveaud, fondatrice de la version française de Cosmopolitan, lui propose avec courage et une certaine appréhension, de réaliser un cahier « Spécial Sexe » fermé et inséré dans le magazine. Le succès dépasse toutes les espérances et les versions étrangères rachètent les droits.

De nos jours

Depuis 2000, Claude Guillaumin n’a plus goût à travailler pour la presse féminine, considérant qu’il a connu les très créatrices années 70 et 80 pendant lesquelles presque tout s’effectuait dans la bonne humeur, avec un savoir-faire – hélas – disparu.

On oublie aisément qu’au début de ces années, il n’existait ni Polaroid ni Photoshop et que le laboratoire mettait deux ou trois jours pour développer les films en couleur.

Dorénavant et avec quelques regrets, le photographe travaille en numérique sur d’autres projets. Il portraiture des femmes qui ne sont pas mannequins, fort du constat que les plus belles femmes ne s’avèrent pas toujours « top model » comme il se plaît à le répéter. Une forme de challenge pour lui.

Les séries de ce boulimique de photos sur le contenu des poubelles et l’accumulation de produits de consommation constituent un retour au Pop Art et aux années Andy Warhol, mais aussi une manière de dénoncer un processus qui le navre.

Celles sur les foodtrucks représentent un témoignage sur les nouveaux modes d’alimentation.

Celles sur les arbres de Noël un tendre hommage à sa petite-fille.

Aujourd’hui, Claude Guillaumin, sachant que l’homme influence la ville et que la ville influence l’homme, arpente sans relâche les rues de différentes cités du monde pour capter cette interaction et réaliser ainsi de magnifiques clichés. En particulier à New York, car il se sent redevable de cette mégapole qui l’a accueilli et lui a tout appris.

EXPOSITION
Woman world
Claude Guillaumin
Du 8 juin au 8 juillet 2016
ARTPHOTOBY
Galerie Sophie Leiser
40 Rue de la Tour d’Auvergne
75018 Paris
France
http://www.artphotoby.com/fr/
http://www.claudeguillaumin.book.fr

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