En ce mois de novembre, Paris n’est pas seulement capitale de la photographie, elle accueille les nombreuses créations éditoriales du secteur, des livres photographiques aux formes aussi variées que leurs horizons. Cette année, outre le secteur édition de Paris Photo, deux grandes foires du livre reviennent de chaque côté de la Seine : Polycopies sur le Concorde Atlantique et Offprint au Pavillon de l’Arsenal. Visite guidée de notre correspondante Zoé Isle de Beauchaine.
C’est une édition particulière pour Polycopies qui célèbre son 10e anniversaire. En une décennie le festival a pris une ampleur considérable et assied son statut de rendez-vous incontournable du livre photographique. Cela n’empêche en aucun cas ses trois directeurs Laurent Chardon, Sara Giuliattini et Sebastian Hau de bouillonner d’idées pour continuer à le faire évoluer.
Cette année, la part belle est donnée à la jeune création à travers l’invitation de plusieurs écoles d’art et de photographie ainsi que des centres d’arts à montrer leur production. Parmi eux l’école néerlandaise Gerrit Rietveld Academie et la hongroise MOME (Moholy-Nagy University of Art and Design) ainsi que le Centre de photographie CRP Hauts de France et le collectif latino-américain Los Sumergidos. Grande nouveauté également, la présence de Magnum, qui s’est orienté spécifiquement vers Polycopies pour montrer les livres de ses photographes. Un choix qui indique la volonté de la mythique agence de presse d’atteindre de nouveaux publics.
Les conférences et présentations d’ouvrages sont également de retour dans la cale du bateau avec notamment une discussion autour des livres photographiques pour enfants ou le lancement du Vernacular Social Club de Jean-Marie Donat, Lukas Birk, Anne Delrez, Thomas Sauvin et Lucy Sante. Parmi les ouvrages présentés, certains ont pu voir le jour grâce au soutien de Polycopies &co. Créée en 2022, l’association réunit des collectionneurs pour soutenir financièrement les projets éditoriaux de photographes.
La mise en place du format Spotlight permet quant à elle à des acteurs de la photographie de mettre en avant leur démarche. Le magazine Hapax par exemple invite des photographes, chercheurs et commissaires à « tester de nouvelles idées » en publiant un projet inédit et en réflexion qui ne sera visible qu’entre les pages imprimées du magazine. On y croisera également les amoureux et promoteur de la typographie Future Format, la photographe Rhea Karam, la galerie Echo 119 ou encore les photographies vintage de Rainworld Archive.
Quant à Offprint, le festival semble avoir trouvé sa formule, à laquelle il reste fidèle cette année : un large éventail de maisons venant autant de la photographie que des arts plastiques, de l’architecture, du design, des sciences humaines et de la culture visuelle avec des propositions souvent très niches, entre expérimentation et engagement.
Côté programmation, Duuu Radio propose à nouveau un ensemble éclectique de discussions, allant de la typographie post-binaire au phénomène éditorial des clubs du livre en France dans la seconde moitié du XXe siècle en passant par l’intelligence artificielle et les Jeux Olympiques de 1968 à Grenoble.
La richesse et la quantité d’ouvrages qui investissent Paris pendant son mois de la photo sont toujours surprenantes, d’autant que depuis la pandémie les sons de cloches quant à l’état de l’édition sont plutôt alarmants. Mais chacun a ses solutions. Sofia Krysiak nous explique ainsi que, pour pallier aux prix de productions, les livres de Setanta Books sont désormais largement faits à la main. Résilience et créativité vont de pair !
Zoé Isle de Beauchaine