En quinze ans, Istanbul s’est métamorphosée pour devenir l’une des principales mégapoles du 21e siècle. Le pittoresque a cédé sa place, balayé par un boom inattendu d’aménagement urbain, dont le profit constitue la motivation essentielle : gratte-ciels, résidences sécurisées autant qu’aseptisées et cités de banlieues ont fleuri, pour accueillir une population en croissance exponentielle, le tout au détriment des résidents d’origine et sous l’impulsion d’un gouvernement arbitraire et arrogant. De 2012 à 2013, la photographe italienne Paola De Pietri s’est attachée à représenter l’impact de la mutation urbaine d’Istanbul sur ses habitants, avec des photos sereines et subtiles de sujets pris devant des chantiers de construction poussiéreux et des immeubles flambant neufs. Ce nouveau paysage du logement, fait de pavillons et de tours anonymes, marque une rupture des relations humaines. Les habitants sont forcés d’abandonner le refuge social de la famille et des voisins, au profit d’une individualisation, d’une solitude imposée. Les postures et le langage corporel reflètent l’état d’esprit fragile et instable d’une couche sociale toute nouvelle et très diversifiée, formée de migrants domestiques. Ces derniers sont contraints de s’adapter à de nouveaux modes de vie et à un environnement inconnu, encore parcouru de chiens perdus errant tels des fantômes du passé.
Paola De Pietri, Istanbul New Stories
Publié par Steidl
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