Dans un lieu très évocateur où l’éclairage des œuvres est particulièrement soigné, sont exposées 80 photographies de la plaine du Pô prises et éditées par Luigi Ghirri lui-même au Palais Ducal de Guastalla en Italie.
Pour l’auteur c’est le moment de transition d’une forme d’expression proche de l’art « conceptuel » à une poétique plus personnelle qui fait passer la perception avant la rationalité.
Ce sont des photos qui construisent une carte de ce qu’il définit lui-même comme « une géographie sentimentale ».
Pendant ce temps, le triomphe de la mondialisation commence dans le monde.
Ghirri parvient toujours à se trouver au centre, entre l’idée de LIEU (cette partie unique et non répétable de l’espace qui appartient à notre expérience personnelle) et celle d’ESPACE (le reste du monde dans sa structure élargie, tendant vers l’infini, qui nous engloutit et s’impose à nous malgré nous).
Le lieu comme miroir d’une intériorité dans laquelle la mémoire nous défend du risque de nous perdre ; l’espace comme autre chose que lui-même, l’entité du monde qui nous échappe mais à laquelle nous sommes contraints de nous confronter sans cesse.
Ghirri nous révèle l’envahissement de la mondialisation, mais nous demande d’apprendre à VOIR SANS JUGER ; il nous montre le monde que nous voyons tous les jours comme s’il était à la fois nouveau et ancien. Ses photos représentent un « MAINTENANT » qui contient un « TOUJOURS », donc la possibilité d’un futur.
“…Je confie à des fragments dispersés, des intuitions, de petits changements de lumière, à l’évidence d’une couleur, à un détail d’une façade, à un son ou à une odeur captée, le soin de se transformer en petites certitudes, un ensemble de points se joindre à eux pour tracer un itinéraire possible, comme s’il s’agissait des pierres du Petit Poucet, pour trouver un chemin. Au final, les lieux, objets, choses ou visages rencontrés dans ces paysages attendent simplement que quelqu’un les regarde, les reconnaisse, et ne les méprise pas en les reléguant dans les rayons de l’interminable « supermarché du dehors.”
L’obiettivo nella visione – Paesaggi dispersi. In: Lotus International n. 52 – 1987
Curatrice : Gloria Negri en collaboration avec les Archives des héritiers Ghirri et Franco Farinelli.
80 photographies de la plaine du Pô dont 22 inédites,
24 tirages vintage (avant 1992, imprimées par Arrigo Ghi sous la direction de Ghirri) et 56 modernes (imprimés après 1992 à nouveau par le laboratoire d’Arrigo Ghi sous la direction de Paola Ghirri et de l’Archivio Eredi Ghirri)
Luigi Ghirri : I sassi di Pollicino
3 juin – 30 novembre 2023
Palais Ducal de Guastalla (RE)
Via S. Gonzaga, 16
42016 Guastalla RE, Italy
https://www.guastallaculturaeturismo.it/
https://www.guastallaculturaeturismo.it/luigi-ghirri-i-sassi-di-pollicino/
