L’année dernière, les Rencontres d’Arles retenaient leur souffle… mais pour un mémorable match de football : un Allemagne-France de légende, disputé non loin d’ici, à Marseille. Fait rarissime durant la semaine d’ouverture du festival : toute la ville avait complètement oublié, l’espace d’une soirée, la photographie. Cette année, aucune compétition internationale à l’horizon, mais inutile de rappeler que cette manifestation est un peu le championnat de monde de l’image, et bien sûr le premier festival de photographie au monde. Cette grande fête rassemble de plus en plus de gens. Plus de 100 000 visiteurs en 2016, record absolu. Il y a les passionnés de photographie, ses professionnels, ses moins professionnels, mais désormais aussi les simples curieux. Hervé Schiavetti, le maire d’Arles, parle lui « d’œuvre d’art collective ». En effet, les Rencontres ont aussi un impact primordial pour les Arlésiens – nos hôtes, ne l’oublions pas -, avec 400 embauches par an et 22 millions d’euros injectés dans l’économie de la ville. Un festival à la fois populaire, local et ouvert sur le monde.
Cet été, cette dimension internationale prend les couleurs de la Colombie, avec plusieurs splendides expositions dédiées à ce grand pays de photographie, un focus sur la nouvelle génération espagnole entrevue notamment au Bal à Paris, un autre sur la photographie iranienne, et une pléiade d’autres travaux d’artistes venus d’horizons divers. Sam Stourdzé, son directeur parle de « goût de l’ailleurs ». « Plus nous pensons les pays fermés, plongés dans des crises politiques ou économiques, et plus les photographes sont là », dit-il. « Ils révèlent, racontent, témoignent, inventent, réparent, reconstruisent, avec leur propre langage, celui de l’image. Ils sont les décodeurs des signes annonciateurs des sociétés en plein bouleversement. »
Dans les grandes lignes de la programmation de cette 48e édition, il y a aussi un certain nombre d’expositions d’institutions prestigieuses comme le Centre Pompidou, la Bibliothèque Nationale de France, la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR). Et des stars, comme d’habitude : Joel Meyerowitz, Roger Ballen, qui propose une expérience immersive à l’image des lieux intrigants qu’il visite, Audrey Tautou et une série d’autoportraits, et bien sûr en programme associé, dans les locaux de la Fondation LUMA, l’exposition phare de cet été : Annie Leibovitz, The Early Years.
En guise d’accompagnement, nous vous avons préparé un programme tout aussi exceptionnel, avec chaque jour – durant toute cette semaine d’ouverture – des entretiens, des critiques, des portraits des photographes et de leurs expositions, des événements associés, des livres, des ventes, et tout ce que nous remarquons hors des sentiers battus. Pour ceux qui n’auraient le temps d’un court séjour à Arles, nous avons également imaginé cinq parcours à thème, publiés dans nos pages de lundi à vendredi, que vous pourrez ainsi consulter selon vos goûts et suivre sur une journée. Et pour ceux qui ne peuvent pas du tout se rendre à Arles, nous espérons que cette grande couverture vous fera vivre l’événement par procuration. Nous vous souhaitons, à tous, une belle fête de la photographie !
Jonas Cuénin