Son nom : Mehdi Sotot.
Son exposition : Drag The Line se tient jusqu’au 20 février 2025.
Il se présente ainsi.
Je viens de la banlieue de Saint-Denis en île de France, où ma réputation a plus d’une fois dépassé les frontières pour de mauvaises raisons. Je me suis toujours senti exclu de la société comme étant une personne venant d’une ville où la majorité des habitants demeurent invisibles afin de laisser place à sa basilique ou encore son stade de France. C’est pour cela que tout au long de ma carrière, je me suis toujours consacré à ce que l’on ne souhaite pas voir. J’ai commencé mon travail de l’image dans l’underground à une époque où le tattoo, le skateboard et les barbiers n’étaient pas à la mode. Aujourd’hui, tout cela est devenu mainstream, c’est pour cela que je m’intéresse depuis quelque temps à une forme d’art qui ne trouve pas totalement sa place dans la société. Un art du spectacle à la fois politique et divertissant, un art de vivre pour ces artistes qui ne peuvent exprimer pleinement leur image au grand public sans se mettre en danger. Nous parlons bien évidemment du drag.
En tant qu’hétéro, j’ai navigué dans un art LGBTQIA+ comme un bateau sur une nouvelle mer. Avant de passer à la photographie, j’ai voulu comprendre ces artistes, leurs fonctionnements, leurs valeurs ainsi que leurs différentes étapes émotionnelles avant et après un show afin de leur montrer mon respect et la valeur qu’ils/elles avaient à mes yeux. Pour cela, j’ai passé beaucoup de temps en coulisse avant les représentations, à développer mon apprentissage dans l’art du drag pour comprendre leurs histoires et ce qu’ils/elles revendiquent. Tout cela m’a permis de développer un style photographique très peu utilisé dans le monde Drag.
Les personnages de la scène Drag sont souvent perçus comme des êtres chimériques, défiant les normes et l’imaginaire. Des femmes et des hommes comme jamais ailleurs vous n’en rencontrerez. Un genre de Freak Show qui en fait saliver certains et pour d’autres, les répugnent. Ces artistes vivent l’amour et la haine d’une société et une fois leur transformation achevé et leur personnage Drag touchant terre, elles/ils sont observé qu’à travers le prisme du personnage qu’elles/ils incarnent. Comme si l’humain·e qui les habite, leurs fragilités et leurs émotions disparaissaient sous le Make-Up et les parures.
C’est cette distorsion que j’ai voulu déconstruire à travers mon travail photographique. Je ne me contente pas de capturer des figures, je cherche à humaniser ces personnages, à saisir l’intensité de leurs émotions intérieures. Je brise les codes visuels du drag : la couleur éclatante, le lissage parfait de la peau, l’effacement des imperfections… et mets en scène les personnages Drags dans un environnement naturel pour révéler une vérité plus brute, l’humain·e qui existe en eux.
Mon style photographique à la fois brut et authentique révèle une autre vision du Drag, où la beauté n’est pas forcément mise en valeur. Je souhaite avant tout vous présenter un aspect émotionnel et humain d’un art de vivre. Démystifier le fait qu’un personnage n’a pas de sentiments et vous montrer qu’à travers le drag, se cache un être humain et non un personnage de Freak Show.
Mehdi Sotot
Mehdi Sotot : Drag The Line chez « Olympe » jusqu’au 20 Février 2025
Au 37 rue Hoche 93500 Pantin
@Lasototgraphy
