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Olivia Marty – 727

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Chinatown, le quartier chinois à Saïgon : au numéro 727 du boulevard Tran Hung Dao, se trouve un bâtiment colossal constitué de six blocs de treize étages.  Il a été achevé en 1960 et a servi d’« hôtel » aux GI’s américains jusqu’en 1975.  Après la victoire du Vietminh, le Vietnam communiste y logeait ses apparatchiks et autres gradés de l’Armée populaire et, ensuite, ses petits fonctionnaires dans les années 1980-90.  Ce bâtiment, jadis plein de vie, est maintenant vide et on le dit hanté : ordre a été donné, il y a trois ans, d’exproprier ses habitants pour faire place à l’arrivée des grues et engins de démolition de promoteurs immobiliers asiatiques, spéculation foncière oblige –le nouveau Vietnam, moderne et converti au chantre du capitalisme. capitaliste.
La vision monoculaire que permet le grand miroir, à travers ces photographies, est une allégorie de la disparition.  Je mets ici en scène une complexité subtile de différentes couches, à la recherche d’un résultat indéfinissable mélangeant solennité et rayonnement.  Ce projet est le fruit d’un processus d’intuition, d’improvisation et d’expérimentation.
Ces photographies constituent des abstractions atmosphériques de la mémoire –elles sont conçues comme des espaces immuables, des échappées qui transcendent notre monde chaotique et complexe.  Les photographies de « 727 » constituent des points d’entrée aux mystères silencieux de nos vies, reflétant notre recherche insondable du rapport à autrui.
 
Nous n’aurons de cesse d’explorer,
Et la fin de toutes nos explorations
Sera de revenir à l’endroit d’où nous sommes partis
Et de connaître le lieu pour la première fois.
T. S. Eliot, « Little Gidding », Quatre Quatuors (trad. C. Vigée)
 
Il ne s’agit pas seulement de capturer la mémoire des vieux murs.  Les objets et matériaux mis au rebut dans cet immeuble « fantôme », avec lesquels je choisis de travailler, ont cette beauté transcendante, presque sombre.  Nous parvenons à sentir dans ces images les traces de ces hommes et femmes –anciens habitants, les mouvements du temps et le cycle éternel de la vie et de la mort qui révèle l’existence d’un monde au-delà du physique, du matériel.
 
Tout comme la nature et nos communautés humaines traversent des cycles de croissance, de décomposition et de renaissance, les objets épars et abandonnés dans « 727 » trouvent une nouvelle vie ici en tant qu’éléments d’expression artistique.  
L’esprit de cette diaspora –désormais économique– peut être découvert dans ces déchets : le renouvellement dans les ruines.  Ces photographies reflètent fidèlement leurs sujets et révèlent un récit de vie (certes, caché), une mémoire gravée sur une surface éphémère, pour nous démontrer que notre monde n’est peut-être pas perdu dans l’anarchie violente et dépouillée de notre univers.

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