Ayant grandi en lisant une multitude de magazines consacrés à la décoration et à l’art de vivre, j’interroge au sein de mon travail les attentes développées par la consommation de fantasmagories photographiques d’une vie domestique parfaite et immaculée. J’ai dévoré tous les numéros de Martha Stewart Living que j’ai pu trouver. Hypnotisée par les photographies magnifiques faites pour attirer l’œil, j’absorbais tous les trucs et astuces et les guides pratiques présents dans ces pages parce que j’étais convaincue que j’en aurais l’usage un jour. En utilisant les talents que j’ai développés en lisant ces magazines pendant des années, j’ai préparé des desserts élaborés que j’ai ensuite placés dans des scènes construites avec précision, avant de photographier le résultat. En m’appropriant les images belles et colorées de ces magazines et en les pervertissant, j’explore les conséquences des attentes insatisfaites, des désirs inassouvis, et des frustrations contenues. Cette désillusion se manifeste par un acte de défi espiègle et pourtant irrévérencieux. Je subvertis les trompe-l’œil délicatement mis au point de la photographie commerciale en corrompant les stratégies domestiques. À travers le mélange de création et de destruction, j’explore la réalité derrière le vernis brillant et les conséquences destructrices de la déception. En utilisant une approche inter-disciplinaires combinant des aspects de la performance, de la sculpture et de la peinture, je crée des scénarios domestiques colorés qui servent de décors à mes actions. Je photographie ces scènes en utilisant un appareil 4×5. Je scanne ensuite les négatifs et crée de tirages C-print numériques grand-format. Mon travail constitue un commentaire ironique au monde graphiquement parfait créé dans les pages glacées des magazines et à la frustration que l’on peut ressentir à essayer de l’imiter.
Rachel Bee Porter est née et a grandi en Pennsylvania. Elle a étudié la photographie à la Parsons The New School for Design et à la Professional Photographic Illustration (Rochester Institute of Technology). Son travail a été exposé au Center de Photography de Woodstock, au Texas Women’s University, et à la galerie Aperture de New York. Ses images ont également été présentées à la galerie Brancolini Grimaldi de Londres et au Flash Forward Festivalde Boston. Rachel a remporté le prix CCNY 2012.
Elle vit et travaille à Pittsburgh.
