Nous continuons la diffusion des projets sélectionnés pour les Prix des Nuits Photographiques 2015, qui ont été remis le 19 septembre 2015. Aujourd’hui, nous vous présentons le film intitulé « Résidence principale » , réalisé par Florence Brochoire, photographe française.
Partout en France, les foyers d’hébergement Adoma regroupent plus de 70 000 logements sociaux et constituent de véritables révélateurs de l’évolution de l’immigration dans notre pays. Né en 1956 sous le nom de Sonacotral pour Société Nationale de Construction pour les Travailleurs Algériens, cet organisme était d’abord destiné à héberger les ouvriers venus travailler dans une France en manque de main-d’œuvre. Sa fonction était aussi de loger les habitants des bidonvilles comme celui de Nanterre. Des chambres individuelles de 9 mètres carrés avec douches, cuisines et sanitaires en commun devaient être des logements provisoires. Bien souvent, ils sont devenus définitifs.
Aujourd’hui, après trois changements de nom, un vaste plan national de rénovation d’urgence des bâtiments est lancé. Une privatisation discrète est également en marche avec le risque de massacrer un outil du droit au logement à l’efficacité reconnue.
Il y a un an, pour parler de cette institution, je décidais de commencer un projet afin de documenter la vie des résidents du foyer Adoma d’Evreux. Persuadée qu’il accueillait principalement des Chibanis (retraités Maghrébins), j’ai réalisé le portrait de Yahia, Algérien, représentant cette première génération de travailleurs immigrés. Puis je me suis intéressée à Diong, venu de Casamance et enfin à William, arrivé d’Haïti et dans l’incapacité de travailler.
C’est le portrait de Yahia que je vous présente aujourd’hui. Parce que les Chibanis ne sont plus que 41 dans les 225 logements qu’offre le foyer d‘Evreux, j’ai voulu rendre hommage au parcours de cet homme venu travailler dans nos usines, fier d’avoir obtenu la nationalité française dans un pays qui l’a pourtant beaucoup rejeté.
La forme « photographie, son et vidéo » pour l’entretien s’est très vite imposée à moi comme souvent dans mon travail documentaire.
Je prolonge actuellement ce travail en réalisant des portraits supplémentaires, documentant ainsi les différents profils des résidents aujourd’hui. Réfugiés politiques, familles monoparentales, jeunes en situation d’urgence, autant de présences dans les foyers Adoma qui révèlent l’évolution des flux migratoires dans notre pays et la vie de plus en plus « précarisée » de beaucoup de nos concitoyens.
A propos de Florence Brochoire
« J’ai réalisé mes premiers reportages photographiques en parallèle de mes études de montage puis de réalisation documentaire.
Photographe indépendante depuis 2001, je travaille pour la presse nationale et les institutions. L’humain dans ses fragilités et ses capacités à résister est au cœur de mes projets personnels.
Je suis membre de la maison de photographes Signatures depuis 2007. »
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