James K. Lowe, Néo-Zélandais né en 1988 de parents chinois, est sorti diplômé de l’Elam School of Fine Arts de l’université d’Auckland en 2009. Parallèlement à sa carrière de designer et de photographe, il développe une pratique artistique personnelle, en s’inspirant du style documentaire de photographes comme l’Australien Bill Henson et l’Américain Gregory Crewdson, et de la vision onirique de cinéastes comme David Lynch ou de vidéastes comme Bill Viola. À 23 ans à peine, James K. Lowe a déjà reçu de nombreux prix, dont le Mount Eden Young Artist Award 2009. À 15 ans, James K. Lowe et ses copains avaient l’habitude, à la nuit tombée, de rouler en voiture, de se garer et de discuter des heures sur la complexité des rapports humains et la fragilité de l’identité individuelle.
Ils s’interrogeaient sur « l’écart troublant entre le regard que nous portons sur nous-mêmes et celui que les autres portent sur nous », a-t-il récemment confié à sa consœur Anne Noble. James K. Lowe a conçu le scénario et la réalisation de la série In An Honest World à la manière d’un cinéaste. Il a repéré la banlieue qui allait servir de toile de fond au drame qu’il écrirait devant son appareil photo. Il a demandé à des proches d’interpréter les personnages. En leur suggérant des textes et des actions évoquant, parfois, des tableaux vivants, il a pu installer l’ambiance qu’il cherchait à obtenir. Les images saisissantes ainsi produites, d’échanges, de ruptures, de transitions, de troubles, évoquent des photos prises sur le plateau d’un film d’auteur.
Préférant photographier de nuit, James K. Lowe travaille avec des appareils grand format et une équipe d’assistants composée d’amis et de membres de sa famille. Il préfère éviter le flash au profit de la lumière tungstène, qu’il diffuse tel un peintre pour illuminer le détail d’une scène et mettre en valeur ses protagonistes, les détachant d’un arrière-plan plus sombre.
Les autres séries de James K. Lowe, remarquables, à l’instar d’In An Honest World, par leur intensité lumineuse et leur pouvoir évocateur, sont célébrées pour l’originalité et la sophistication du regard portées sur le quotidien des jeunes métis qui grandissent, aujourd’hui, dans les banlieues néo-zélandaises.
Anne Noble, commissaire
Texte extrait du livre-catalogue « Photoquai » coédition Musée du Quai Branly- Actes-Sud