Qui a dit qu’une exposition devait toujours se penser en intérieur ? Depuis 12 ans, l’abbaye de Clervaux, au Mans, organise chaque année une programmation photographique autour de ce lieu historique du XIIIe siècle. De juin à octobre, 6 photographes locaux et internationaux sont exposés dans le parc de 13 hectares, après avoir été choisis par le conseil régional de la Sarthe.
Parcours d’une balade photographique
Les expositions ont lieu dans le parc de l’abbaye. Le premier artiste exposé est Hiêm Lam Duc, qui a travaillé sur les arbres aux Kurdistan irakien. « Tout a commencé il y a 30 ans, explique-t-il. J’ai pris en photo des enfants faisant de la balançoire sur un arbre. Plus tard, j’ai voulu retrouver cet arbre. Les habitants m’ont aidé, cela a pris des années. Les Kurdes ont un rapport particulier à la nature : les arbres sont un lieu de rencontres et de jeux. J’ai même appris qu’ils donnaient des noms aux arbres ! ». Les photos d’arbres du Kurdistan sont accrochées sur les platanes, le long d’une allée, offrant une belle mise en abyme au spectateur.
Bernard Reignier, « De l’image au rêve, impressions végétales »
Dans un style proche de l’impressionnisme, Bernard Reignier joue dans ses photos avec la lumière et le mouvement. Avec beaucoup de patience et d’essais, il offre un regard onirique sur le monde qui nous entoure, en harmonie avec le parc de Clervaux.
Gérard Uféras, « Le Sport au Cœur, portraits d’une passion »
Raconter le sport et ceux qui le pratiquent, tel est le projet du photojournaliste Gérard Uféras. Construite en noir et blanc, cette série est émaillée de hist récits intimes de sportifs : Anissa la boxeuse, Gaël aveugle et footballeur, Malik le yamakazi, Daniel le président du club de rugby, Jules de footballer de 8 ans, Thierry le chef étoilé et kandora et Cécile la joueuse de Roller Derby. Champions et amateurs se côtoient et racontent la passion sportive qui les anime.
Nicolas Tarek Camoisson, Entre Terre et Mer
Prenons maintenant le large avec Nicolas Tarek Camoisson. L’artiste avait à cœur de photographier la mer : « Pour partir avec l’équipage du Gascogne, j’ai suivi une formation de 6 mois à l’école des mousses. La mer demande beaucoup de patience… ». Sont exposés un herbier et un alguier figés au cyanotype, ainsi que des photos prises sur le bateau au style documentaire et d’autres inspirant la poésie des larges.
Thierry Ardouin, Portrait de Graines
Thierry Ardouin s’est intéressé aux graines, végétal presque invisible à l’œil humain mais si précieux. À la frontière entre la photographie scientifique et la photographie d’art, il nous partage ces clichés prit au microscope. « Cela m’a pris 10 ans pour mener à bien ce projet, raconte-t-il. J’ai photographié plus de 500 espèces de graines mais seulement une dizaine sont exposées ici. En collaboration avec les jardiniers de l’abbaye, nous avons planté au pied de chaque photo la graine photographiée. Ainsi, au cours de l’été les plantes vont grandir et modifier notre perception des photographies ! ». La nature devient un élément à part entière des photographies.
Myrto Papadoupoulos, Spirits unseen
De la Grèce, on connaît souvent les îles des Cyclades et Athènes mais moins ses régions montagneuses où vivent les minorités Ponak. Myrto Papadopoulos s’est intéressée aux femmes de cette communauté où la culture patriarcale reste forte. La photographe documente l’évolution de cette société et s’intéresse aux rites et aux richesses de ce peuple.
Ce parcours photographique est enrichi par les travaux de huit classes des collèges de la Sarthe, conçus lors du programme « L’école du regard », animé par des photographes professionnels. Ils ont travaillé sur le thème de l’exil, la couleur et la ville, en reconstituant certaines rues du Mans. De la prise de vue à la scénographie, tout a été pensé par les adolescents. Ainsi leurs photographies sont accompagnées par d’autres arts, créant ainsi des installations collectives.
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