Connu pour ses portraits de stars du milieu artistique américain, le Sud-Africain Norman Seeff publie une première vraie monographie chez Kehrer Verlag et est à l’affiche d’une exposition au musée Reiss-Engelhorn de Manheim, en Allemagne.
Lorsqu’il émigre aux Etats-Unis à la fin des années 1960, il est alors un photographe sans véritable carrière, comme il l’annonce en introduction dans le livre : « J’arrive à New York en décembre 1968 en tant qu’immigrant illégal, avec dans un seul sac un portfolio d’œuvres d’art et de photographies, un appareil photo 35 mm et le strict nécessaire qui me semblait nécessaire pour commencer une nouvelle vie. » Celle-ci débute vraiment quand il se lie d’amitié avec des personnalités de la scène new-yorkaise, dont Patti Smith, Robert Mapplethorpe et Andy Warhol, et qu’il les photographie. Norman Seeff est un compagnon de toutes les musiques populaires d’alors : rock n’ roll, blues ou jazz. A son répertoire figurent ainsi de nombreuses icones de l’époque : Johnny Cash, Ray Charles, Miles Davis, The Rolling Stones, The Jacksons, The Talking Heads, Frank Zappa, ou Zubin Mehta.
Cette nouvelle vague, il la documente au travers de portraits qui renvoient la même vitalité que les chansons de leurs auteurs. Tantôt en studio ou dans l’intimité de ces artistes, ces images dégagent de façon fidèle les traits de chacune de leur personnalité. Franck Zappa est un gentil déluré. Ray Charles un allègre rieur. Art Garfunkel un beau dragueur. Mick Jagger une bombe sexuelle. Joni Mitchell une diva. Johnny Rotten un grand taquin. Plus que les caractères et les egos, Norman Seeff réussit par l’ensemble de son œuvre à retranscrire la pétulance créatrice de son époque. Aucune prudence ou contrôle de l’image n’est ici à attendre : baisers endiablés, regards tendres, jeux de scènes et liberté affirmée…
Egalement directeur artistique pour United Artists ou le label de jazz Blue Note lorsqu’il s’installera à Los Angeles, Norman Seeff a développé jusque dans les années 80 un style qui privilégie la confiance et l’aisance avec ses sujets. L’auteur Thomas Schirmböck explique ainsi cette méthode en ces mots : « Ce qui intéressait le plus Norman Seeff était l’observation de la créativité. Il ne cessait de ramener les conversations à ce sujet, l’air de rien, pendant les sessions. Ainsi il donnait l’occasion à ceux qu’il photographiait de se détendre et de parler librement du pouvoir de la musique et des difficultés d’être un artiste. L’image et le contenu s’associaient alors d’une manière exceptionnelle : en fait, tout repose sur l’expérience du moment pendant la session. La photographie et le film fixent ce moment à la fois pour une exploitation commerciale par le client et pour l’intention esthétique propre à l’artiste. Le portrait de l’artiste qui est photographié de la manière dont il le souhaite est inhérent à la manière dont la photographie a été réalisée. Considéré du point de vue actuel, c’est devenu un sujet d’art et d’histoire en soi. Ce processus, initié par Norman Seeff en 1975 et qu’il met encore aujourd’hui en œuvre aujourd’hui, est unique. Il est tout aussi inexplicable que ce trésor culturel historique n’ait pas été rendu plus accessible au public. »
LIVRE
The look of sound
Photographies de Norman Seeff
Couverture rigide
24 x 22 cm, 240 pages, 153 photographies
Allemand/anglais
ISBN 978-3-86828-532-1
39,90 euros
http://www.kehrerverlag.com
EXPOSITION
The look of sound – Norman Seeff
Jusqu’au 25 janvier 2015
ZEPHYR
Raum für Fotografie der Reiss-Engelhorn-Museen,
C 4.9
68159 Mannheim
Allemagne
http://www.rem-mannheim.dehttp://normanseeff.com