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Nikita Erphène – La Datcha

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Dans l’inconscient collectif français le mot ‘datcha’ évoque immédiatement et irrémédiablement les pièces d’Anton Tchekhov, les nouvelles d’Ivan Tourguenev, et, bien évidemment, les grands romans de Léon Tolstoy. Ces oeuvres ont rendu la datcha célèbre, les scènes de ‘La Cerisaie’  sont devenues classiques… Apparue au 18ème siècle, la datcha n’était qu’une maison d’été, meublée simplement, de la noblesse et de la bourgeoisie. Jusqu’à ce qu’un siècle plus tard, la ‘datcha’ mania éclate et elle devienne objet de culte.
Petite ou grande, à la nature, loin de la ville, la datcha a créé un vrai mode de vie. La datcha donnait à ses datchniks – ses occupants – non seulement la possibilité de s’échapper du rythme bien organisé de la ville mais aussi de se retrouver entre amis. Avec ses codes libertaires, elle défiait la ville en devenant le symbole des activités oisives…
Pour l’homo sovieticus, le statut de la datcha a changé. Posséder une datcha en Russie soviétique était un signe de son statut social. La datcha était convoitée en devenant au fil du temps accessible aux classes moyennes. Les départs aux datchas avaient l’air d’exodes: les nouveaux datchniks y venaient aussi pour cultiver la terre, la datcha est devenue une source d’approvisionnement en légumes et fruits de qualité.
Il était de bon ton de venir chercher les visiteurs à la palissade. Bien que le confort anciennement tout relatif ait cédé sa place au modernisme, les lumières tamisées du salon incitaient toujours aux plaisirs langoureux, de grands romans classiques étaient toujours là pour une envie de lecture. On mangeait dehors, le samovar, en vrai maître des lieux, régnait fièrement sur les tables dressées dans le jardin. La journée se déroulait selon le programme habituel: promenades dans les bois, plages des étangs, piques-niques dans l’ombre. Les dîners étaient suivis de longues séances de thé qui terminaient souvent dans la nuit profonde. Cette quête de libération, cet appel intérieur, ce refus inné de satisfaire aux exigences de leur monde, cette forme d’organisation spatiale de la vie ont formé la mentalité russe. C’est dans ces petites maisons de rondins de bouleau que les Russes retrouvent aujourd’hui encore leurs libertés, impossibles en ville, se ressourcent au contact de la terre, se sentent libres et ces petites datchas font désormais partie du patrimoine génétique des Russes.

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