J’ai peur de mourir. Ces images sont une tentative d’observation et de confrontation à l’angoisse et à l’idée que, puisque que nous sommes tous nés, le temps va passer, et nous aussi. Ce projet n’est pas né avec cette peur, mais en cinq ans, certaines personnes qui faisaient partie de ma vie sont mortes et ont donné naissance ; la vie a ralenti, et j’ai commencé à voir les cycles se former dans mon œuvre. J’ai repris les photos des archives familiales que mon père avait créées pour nous, pour que nous puissions regarder derrière nous et nous considérer dans notre évidente jeunesse. Dans ces images, j’ai vu des gens qui sont morts désormais, et j’ai recherché ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de se retrouver collés sur ces pages de mon histoire par mon père avant sa mort. Les cycles qui se formaient dans mon travail se retrouvaient déjà dans ces photos de famille. Les gens que, dans ma vie, j’ai serrés, aimés, touchés et pleurés, sont devenus Grand-Mère, Père et Ami, sans nom et sans histoire attachés à ces albums.
L’histoire n’est pas la mienne. Au fur et à mesure que mon monde devenait vulnérable, je perdais possession des sujets de mes photos, qui existaient à présent comme des doublures de gens, de lieux, de choses.
Either Limits or Contradictions (« Limites ou Contradictions ») est raconté en trois parties. Les titres de chacune viennent d’une chanson de Neil Diamond, d’un poème de Lawrence Ferlinghetti et d’un autre de John Milton. Ils sont tous sortis de leur contexte mais reflètent le sentiment sous-jacent des images qui y sont rattachées.
La première partie, We Won’t Need Bright Lights, Gonna Make Our Own Lightning (« Nous n’aurons pas besoin de lumières, nous créerons la nôtre ») est rapide et égoïste. C’est une quête de l’hédonisme, de la guérison, l’indestructibilité, la découverte de soi qui emplit la jeunesse. Une blessure cicatrise. Le monde tourne. Les choses n’ont ni début ni fin.
La deuxième partie, It Is Heavenly Weather (« Un temps merveilleux ») est une pause, un moyen de s’arrêter et de ralentir, un appel à porter son attention sur une infinité qui est arrivée avant et suivra après. La dernière partie, Mists and Exhalations (« Brumes et expirations ») explore la vie, la mort, le temps et la nature cyclique du monde. Les images sont plus conscientes des hauts et des bas, de la permanence et de l’impermanence, qui sont le maquillage et la crainte de la vie. J’ai créé ces images comme un rappel que les choses passent, que je passerai et que vous passerez, que l’arbre tombera, que le soleil se couchera, et que cela recommencera. C’est un rappel que la vie est en vie, une méditation sur la prose, sur le fait de parcourir et de laisser les choses avoir lieu. Ces photos sont des moyens de faire face à nos vérités et d’accepter notre destin.
Nick Meyer
Nick Meyer, Either Limits or Contradictions
Publié par Daylight Books
50 $
https://daylightbooks.org/products/either-limits-or-contradictions
Ce texte est l’introduction du livre Either Limits or Contradictions de Nick Meyer.