En solidarité aux récents évènements qui ont secoué le Japon, la conservatrice Naoko Ohta a imaginé un projet photographique de grande ampleur. 100 photographes ont sillonné les rues intrigantes de Tokyo pour prendre le poult d’une mégapole bouillonnante devenue terre de rassemblement.
La modestie des consciences fait souvent les beaux projets. Tokyo-Ga est né d’un sentiment personnel à la suite de la catastrophe de Fukushima. Un sentiment de profonde humanité envers les populations touchées que la conservatrice Naoko Ohta a convertie en vaste entreprise photographique. « Nous étions complètement dévastés, se rappelle-t-elle. Nombre de photographes ont couvert cet événement. La photographie a le pouvoir d’apporter inspiration, esquisses et espoir d’un meilleur lendemain. Cette fois ci, tout était pourtant différent, nous nous sentions coupable de prendre une photographie, avons réalisé notre impuissance face aux gens meurtris et au pays détruit. Il est temps de régénérer notre monde pour le futur. »
Pour rendre hommage à son pays, Naoko Ohta a choisi Tokyo, devenue après Fukushima une ville d’entraide et de rassemblement de populations. D’autant plus que l’image de la capitale du soleil levant reste à ce jour assez vague, même aux yeux des japonais. Une centaine de photographes, locaux mais aussi étrangers, ont donc été invités à se promener dans ses rues et offrir leur regard sur son architecture, ses habitants, ses scènes quotidiennes ou encore les objets qui ont retenu leur attention. 53 photographies par 26 auteurs composent l’exposition new-yorkaise, organisée en 5 chapitres. Et tous les styles sont présents, du paysage au portrait, en passant par la mode, la nature morte ou le documentaire. « Ces photographies nous font découvrir que les rues de Tokyo peuvent être contrôlées, esthétiques, bondées et silencieuses, consciences du détail et indifférentes à l’ensemble », analyse la conservatrice.
« J’espère que le public appréciera cette inspiration pour l’innovation, la confidence de nos sentiments personnels. » Bien sûr, nous verrons dans ces images plus de poésie urbaine qu’autre chose. Elles laissent, avec leur aspect tranquille, l’impression que la population tokyoïte forme une unité qui privilégie, comme le dit Naoko Ohta, le petit confort et l’indulgence dans ses relations. Malgré l’idée d’une mégapole en constante mutation, on découvrira cette atmosphère planante déjà entrevue dans des œuvres telles que Sans Soleil, de Chris Marker, ou Lost In Translation de Sofia Coppola. Comme si, même dans la réalité des faits, Tokyo savait figer le temps.
Tokoy-Ga : 53 photographies pour la solidarité japonaise, par 26 photographes.
Du 16 au 20 mai 2012
New York Photo Festival
111 Front Street, Room 216
Brooklyn, NY 11201
Une lecture est prévue à la même adresse Samedi 19 mai à 2pm.
Cette exposition est soutenue par FOREST AMONG US supporting circle, Canon Inc, KLEE INC PARIS TOKYO, Sous Les Etoiles Gallery, New York.