L’univers, son gigantisme, sa mesure si difficile à évaluer même par la physique, l’astronomie et autre science a faire perdre la raison qu’il ne donne au final qu’une mesure : celle du sublime. Avec des formats immenses devant lesquels on se sent aussi tout petit, Thomas Ruff mêle imaginaire et hyper-réalité. A des images extrêmement précises de la NASA, il applique sa vision des planètes inconnues et donne à sa série un nom aussi générique que générateur de fantasmes : ma.r.s. L’orthographe irrégulière n’est là que pour confirmer la fiction et créer une confusion qu’il sème par graines de couleurs, déformations et autres disproportions. Sous leur effet, les éléments géologiques classiques se transforment en compositions abstraites à la texture indéterminable. On ne sait pas si ce qui se présente à l’oeil est mou, cassant, grand, profond, peint, sculpté, capturé, remodelé. C’est notre propre croyance, irraisonnée ou non, qui y répond. Cela donne un aspect aussi mystérieux que ludique à la série, qui est par ailleurs complétée de quelques images en 3 dimensions. En naviguant autour de ces cratères, le spectateur est happé par les cavités, ravivant tous les inquiétants secrets de la galaxie. Autre variation autour du médium et de la technique, exploration d’un procédé photographique visant à le détourner et le réinventer, la série Photograms s’inspire quant à elle des premières expérimentations autour de la lumière. L’artiste s’est approprié leur rendu, allant jusqu’à citer très clairement Man Ray et son éloge des courbes féminines dans une pièce sobre, monochrome, abstraite où deux lignes ondulées s’entrelacent. Pourtant, le procédé n’est pas mécanique mais virtuel. Cela permet à l’artiste d’introduire des effets perturbants pour l’oeil habitué à cette imagerie : relief et profondeur de champ, couleurs multiples, rappelant étrangement les peintures d’un autre expérimentateur du photogramme, Laszlo Moholy-Nagy. On y retrouve la même recherche sur la couleur, l’espace, la lumière et la transparence. Seul le médium, ici encore, varie, dans un mélange anachronique qui se veut une nouvelle proposition photographique. Laurence Cornet Thomas Ruff : Photograms // ma.r.s. Du 12 avril au 15 juin 2013 Galerie David Zwirner 525 & 533 West 19th Street New York, NY 10011 USA Tel. : +1 212 727 2070
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