« magique et musicale, simple, basique et indépendante »
Photographe de mode et de documentaires sociaux, Iain McKell a suivi une « petite tribu » de New Gypsies pendant plus de dix ans. Mais cela fait maintenant 25 ans qu’il a réalisé sa première série de photographies de ces gens du voyage, dont il a suivi l’évolution. Six de ces membres, qu’il considère comme « précurseurs » dans l’histoire des New Gypsies, restèrent avec lui, et son objectif a capturé leurs personnalités, leur mode de vie et leurs idéaux.
Le solstice d’été 1985 a été le jour de naissance du nouveau phénomène des New Age Travellers lors du « Convoi de la Paix », avec des bus à impérial et « des personnages dignes de Dickens portant hauts-de-forme et redingotes victoriennes » – « des groupes de marginaux urbains perdus dans la campagne ». Margaret Thatcher envoyait la police pour « mettre hors d’état de nuire » leurs convois.
Les New Gypsies viennent de cette époque. Les New Gypsies, qui se déplacent désormais dans des caravanes minutieusement décorées et tirées par des chevaux, partagent le même désir de liberté, de grands espaces et d’indépendance, et le même dédain envers les pièges de la vie contemporaine. Néanmoins, ces nouveaux nomades sont aussi conduits par un désir de durabilité cher au monde moderne : ils utilisent les derniers gadgets technologiques et l’énergie solaire. Leur vie d’errance est certainement plus verte que celle de n’importe quel autre élément de la société.
Les photographies d’Iain McKell de ce nouveau groupe de voyageurs montrent sa profonde attirance pour ces personnes et leur mode de vie, et révèle ses perceptions partagées sur des vies à la fois romantiques et difficiles. Les femmes dégagent une beauté enragée, les hommes montrent un côté plus dur, mais chaque photo est empreinte de la fierté, quelque peu nostalgique, d’être une personne à part.
Les voyages des New Gypsies sont établis en fonction d’une carte annuelle de festivals et de célébrations, et la plupart de leur temps est consacré à l’étude des cartes de l’Ordnance Survey. Les photographies de McKell cartographient le passage des saisons – des célébrations primitives de l’été à la vie intérieure de l’hiver. Ses portraits ressemblent souvent à des personnages des anciens mystères, symboles d’une pureté négligée faisant corps avec la nature environnante.
Un essai du Professeur Val Williams, Directeur du Centre de Recherche pour la Photographie et l’Archive à l’University of the Arts de Londres, replace la photographie d’Iain McKell dans le contexte de sa propre œuvre, mariant ses talents de photographe de mode et de portraits documentaires et montrant la relation entre le clinquant de la photographie de mode et le documentaire indépendant. Williams écrit que McKell « mêle le sublime de la photographie de mode à l’enquête documentaire ». Son projet New Gypsies « soulève de nombreuses questions sur les frontières entre la photographie de mode et le documentaire », et est « un mélange fascinant de l’ancien et du moderne – imprégné d’un glamour ambigu et de personnages captivants, au-delà de notre propre expérience ».
Ezmeralda Sanger raconte avec une certaine intimité la vie quotidienne des membres des New Gypsies – l’importance accordée à leurs chevaux, leurs caravanes et leur musique, leur désir constant de parcourir des voies détournées, et leur célébration d’une vie simple. La durabilité est un thème récurrent, tout comme la redécouverte d’une magie ordinaire : « la charrette est le symbole de notre idéologie. Elle représente la croyance que la vie peut être… pleine de couleurs et excentrique, magique et musicale, simple, basique et indépendante. »
Gilles Decamps
Iain McKell, The New Gypsies
Clic Gallery, NYC
255 Centre Street
New York, NY
212.966.2766
29 août – 2 octobre
Soirée d’ouverture
15 septembre, 18h-20h
