The Walther Collection inaugure aujourd’hui « Who I Am » (« Qui je suis »), sélection de portraits de studio redécouverts, datant de l’époque de l’apartheid en Afrique du Sud. Présentant une diversité étonnante d’individus et d’apparences, ces images en noir et blanc montrent des représentants des classes pauvres et ouvrières en train de s’amuser avec différentes tenues, traditionnelles ou modernes. Ils lancent ainsi un défi interculturel aux définitions socialement admises de la famille, de l’ethnie et des genres sexuels. Les portraits ont été pris entre 1972 et 1984 par le photographe Singarum Jeevaruthnam Moodley, surnommé « Kitty », dans son studio de Pietermaritzburg, capitale de la province de KwaZulu-Natal, en Afrique du Sud. Ils offrent une vision suggestive et rafraîchissante de la société sud-africaine de cette période, étendant l’histoire du portrait de studio en Afrique.
Institution communautaire vibrante et foyer antiapartheid, le Kitty’s Studio permettait à ses clients locaux de disposer d’un espace de sécurité pour collaborer avec leur photographe à l’élaboration de portraits, dont beaucoup vont à l’encontre des conventions établies. Tentant des présentations audacieuses, ces modèles – qui sous le régime de l’apartheid étaient étiquetés « Africain », « Indien », ou « De Couleur » – déploient une large gamme de vêtements, d’accessoires et de poses. Certains portent des tenues religieuses, des pièces zoulous en perles, ou encore le costume traditionnel de guérisseur, tandis que d’autres portent leurs habits du dimanche ou des vêtements en piteux état. La même personne passe parfois d’un monde à l’autre : dans un énigmatique duo de portraits, un modèle transgressif apparaît en homme et en femme.
Ces portraits forment un contre-récit au regard que nous portons habituellement sur le système de ségrégation raciale appliqué en Afrique entre 1948 et 1994. Pendant cette période, les photojournalistes et ceux qu’on appelle les photographes de guerre ont témoigné des protestations contre l’apartheid et de la violence qu’elles ont souvent suscitée, produisant des images choquantes qui restent gravées dans la mémoire collective. À l’inverse, les portraits de Kitty offrent un aperçu sans précédent sur les vies privées et les aspirations personnelles des Sud-africains « non blancs » pendant l’apartheid, révélant leur façon d’envisager les circonstances et de réinventer leurs vies avec créativité.
EXPOSITION
Who I Am
Rediscovered Portraits from Apartheid South Africa
Du 2 juin au 20 novembre 2016
Visite de l’exposition et discussion avec Steven C. Dubin
Samedi 4 juin à 14h
The Walther Collection Project Space
526 West 26th Street, Suite 718
New York City
United States
[email protected]
http://www.walthercollection.com
Opening Hours: Wednesday-Saturday, 12pm-6pm