Does Yellow Run Forever ? Un titre et un sujet énigmatiques pour la nouvelle série de Paul Graham. Entre 2011 et 2014, le Britannique est parti on ne sait où, à la chasse aux arcs-en-ciel. Ainsi, les photographies de son nouveau livre chez Mack et celles de l’exposition à la galerie Pace McGill de New York renferment d’innombrables rayons bleus, rouges, turquoise et jaunes. Mais pas que. Entre ces paysages colorés se sont glissées des images de sa compagne, le plus souvent au lit, et quelques trottoirs new-yorkais ensoleillés et présentés dans leur horizontalité. Difficile alors de savoir où l’artiste veut en venir malgré une tentative d’éclairage : « Méditation visuelle sur notre recherche universelle de plénitude (qu’elle soit matérielle, romantique, ou spirituelle), Does Yellow Run Forver? tisse une trame unissant faits, mythes et imaginaire, où les spectateurs sont invités à contempler les arcs-en-ciel figurés que nous pourchassons tous, peut-être à tort, pour faire de nos rêves des réalités. Cette série pousse plus avant une exploration en cours sur la place de l’éphémère et du quotidien dans le fil de nos existences, combinant des images ayant pour motifs des arcs-en-ciel capturés en Irlande, une jeune femme (la compagne de l’artiste) endormie dans différentes pièces à l’autre bout du monde, et des façades de magasins miteux où l’on peut vendre son or à New York, pour nous amener à considérer collectivement les choses fugaces que nous recherchons et auxquelles nous accordons de la valeur dans la vie : l’amour, la santé, le bonheur, la beauté — le trésor métaphorique que nous sommes censés trouver au pied de l’arc-en-ciel. Does Yellow Run Forever? refuse de réduire le monde à un schéma connu et embrasse au contraire son caractère multiple — le fait qu’on ne puisse trouver de signification univoque, de réponses directes, ou de trésor nous attendant au bout de l’arc-en-ciel. Pourtant, il existe des visions surprenantes au quotidien, qu’elles soient belles ou non, des rêves valant d’être rêvés, des scènes magiques à voir et de vrais moments d’émerveillement à découvrir. »
La couleur jaune est-elle le dénominateur commun de ces images ? On peut l’admettre. Y a-t-il un lien entre la métaphore de l’or à la source de l’arc-en-ciel et sa petite amie ? Il faut croire. Quoiqu’il en soit, il a fallu de la patience et de la ténacité à Paul Graham pour réaliser la majorité des ses photographies. Certaines sont magnifiques. Un arc-en-ciel habille une route de campagne dans un paysage aux couleurs belles et vives. Un autre se glisse dans une forêt, entre les troncs d’arbres et leur verdure. Deux d’entre eux font voyage ensemble dans les champs. Un braconnage fantastique, qui pousse même Paul Graham à débusquer les petits à la naissance : dans une extraordinaire photographie, le voici à la source d’un de ces énièmes phénomènes irisés, capturé dans une vallée, presque comme dans sa tanière, dévoilant ainsi le commencement de sa vie. Faits de visions qui fascinent autant petits que grands, tel un rêve fait d’instants magiques, Does Yellow Run Forever? est un projet incompréhensible, mais qui attendrit le regard. Si bien qu’intégrer ce qui est passé par l’esprit de Paul Graham n’a finalement pas vraiment d’importance.
EXPOSITION
Does Yellow Run Forever?, de Paul Graham
Jusqu’au 4 octobre 2014
Pace McGill Gallery
510 West 25th Street
New York
USA
LIVRE
Does Yellow Run Forever?, de Paul Graham
Editions Mack
96 pages
31 photographies
35 €
ISBN 9781910164068
