J’aime et j’ai toujours aimé New York. Je fais partie de ces rares chanceux à être né et élevé ici. Mes parents étaient des immigrés et lorsque j’étais très petit, mon père a partager avec moi l’aventure de la découverte de notre ville. Je me souviens encore de notre première traversée sur le ferry de Staten Island. Ouah – ce fut incroyable ! J’imaginais que nous allions vers une terre étrangère à la recherche de je ne sais quoi mais peu importe – je traversais la baie à bord d’un vrai bateau ; en tant que gamin de Brooklyn, c’était une manne céleste !
Ces moments magiques ont donné naissance à ma vaste collection de cartes postales montrant toutes les facettes de la ville. Et ce furent ces premières cartes postales qui m’ont donné ma première introduction et goût pour les couleurs vives. Je ne devais pas voir des couleurs comme celles de ces cartes postales avant vingt ans, lorsque j’ai commencé à prendre des photos couleur au début des années 70. Et combien j’étais excité ! Ça ne manquait jamais de me ramener à l’époque avec mon père où je voyais New York non seulement à travers mes yeux mais également à travers les siens !
Les photographies dans ce journal sont un hommage à mes premières expériences avec mon père et ma ville – cette ville de lumières, couleur, grisaille et béton ; la ville de la vapeur, soleil, jour et nuit. Une période de levers et couchers de soleil extraordinaires et surtout de l’intensité qui est sa signature. Ces photos sont des notes visuelles dans mon journal qui permettent à mes yeux de continuer à « voir » et à mon esprit de « chercher » l’expression personnelle.
Normalement je ne travaille pas de cette manière spontanée. Pour ceux qui connaissent mon travail, chaque photographie est un tableau dont le récit est révélé dans un cadre formel. Ce n’est pas le cas avec ces photos. Elles sont le résultat du « truc » qui déclenche spontanément mon œil. J’adore le processus et je n’ai pas travaillé aussi librement depuis l’époque où j’étais au Portugal et que j’utilisais un appareil 35mm. La liberté est une chose magnifique mais dans la photographie, le défi est d’être aussi sélectif que l’on peut, étant donné la masse d’information qui nous entoure, et d’appuyer sur l’obturateur seulement lorsque le sujet illumine votre œil.
Ces images ont beaucoup de sens pour moi. Elles traitent des éléments formels de lumière, ombre, couleur, structure et composition. Leur contenu est une histoire de New York sous toutes ses formes – le jazz, la folie et la maussaderie rassemblés dans quelque chose qui ne peut être trouvé dans aucune autre ville sur terre.
Ce sont les photographies les plus colorées et les plus gaies que j’aie jamais prises. Je me suis amusé lorsque j’ai pris ces photos et j’espère que les spectateurs s’amusent en les regardant.