Issue du mouvement de libération de la femme des années soixante et soixante-dix, l’idée que la politique est personnelle est souvent tournée en dérision. Mais si ce n’était pas le cas, une grande part des pouvoirs essentiels de la photographie se trouverait effacée. Dans sa déchirante et extraordinaire série photographiqueEvidence, Diana Matar cherche à tout prix un dénouement, mais il ne demeure que la quête d’un protagoniste. Le beau-père de Matar, Jaballa Matar, un dissident libyen, ancien diplomate et officier de l’armée libyenne a été enlevé – « disparu » – par le régime du Colonel Muammar Gaddafi et sa famille ne l’a plus jamais revu. Evidence retrace sa quête pour tenter de donner un sens à un deuil personnel et à un passé brisé, pour chercher à rédimer la torture et la cruauté insensée de la dictature. C’est aussi le résultat magistral et extrêmement bien conçu de six années de voyages, de photographie et de méditation. Le livre est un mélange d’hommage, de journal intime et de document historique, qui englobe non seulement les photographies de Matar mais ses textes, des paragraphes de son journal intime, des reproductions de lettres de Jaballa, des copies de photographies trouvées dans les archives des services secrets libyens et d’autres documents connexes . L’exposition présente environ quarante photographies et panneaux explicatifs tirés de Evidence. Les photographies de Matar sont des contradictions métaphysiques, fondées sur la quête d’une disparition. Elle réussit à créer un portrait en profondeur grâce à un dispositif métonymique: photographier ce qui n’existe plus. Dans ses notes sur le projet, elle a écrit: “je tente de photographier quelque chose qui n’est pas là, une ironie dans le domaine de la photographie où nous dépendons obstinément d’un sujet. Cette préoccupation est née de la conviction que les traces de l’histoire sont en quelque sorte gravées dans l’architecture, les paysages, et même les visages.” Matar a passé six ans à photographier les lieux où Jaballa a peut-être été emprisonné et où les dissidents et d’autres prisonniers politiques ont été incarcérés, torturés et assassinés; elle a ainsi créé une présence palpable à partir d’une absence insoutenable. Elle retrouve des traces de violence dans les paysages et les paysages urbains de Libye et de Rome, où de nombreux dissidents libyens exilés ont été assassinés. Lorsque le mari de Matar, un écrivain, s’est mis à écrire des romans critiquant le régime, ils ont aussi commencé à vivre avec la peur de représailles possibles. EXPOSITION Evidence by Diana Matar Jusqu’au 24 octobre 2015 Rick Wester Fine Art 526 West 26th Street Suite 417 New York NY 10001 +1 (212) 255-5560 www.rickwesterfineart.com http://www.dianamatar.com
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