Un Pays en sursis
Alep et Damas, deux villes que j’ai eu l’occasion de découvrir en 1996, sont emblématiques de ce pays qui abrite l’une des civilisations les plus anciennes. Bien que la Syrie ait été occupée par les Français pendant 26 ans, les Syriens ont su conserver leur sens de l’hospitalité. Leur cuisine délicate et aromatique laisse un souvenir inoubliable, tout comme leurs sourires, malgré la pré sence omnipré sente du portrait de Hafez El Assad à chaque coin de rue.
Le souk d’Al-Madina à Alep, peuplé d’hommes à dos d’âne, m’a transporté, presque comme dans une Qiction, à l’époque de Jésus-Christ entrant à Jérusalem. Ces échoppes, regorgeant de peaux de bêtes, d’épices et de savons vendus depuis des générations, semblaient Qigées dans le temps.
Damas, avec sa majestueuse mosqué e des Omeyyades, demeure un lieu de culte, de rencontres et de vie depuis le VIIIe siècle, tout comme ses hammams qui ont accueilli des bains collectifs pendant vingt-cinq siècles. Ses cafés, où les hommes se retrouvaient pour fumer le narguilé, pouvaient parfois être le théâtre de départs précipités à l’arrivée de la police.
Que sont devenus ces visages, ces marchands, ces femmes et ces enfants devenus hommes et soldats, probablement disparus au cours des années de guerre et de dictature ? Que reste-t-il de ces jardins paisibles où l’on entendait le murmure des fontaines, des maisons ornées de cours Qinement décorées d’où s’élevaient des senteurs de citronniers ?
Vingt-huit ans plus tard, une nouvelle page de l’histoire s’écrit. Quel avenir attend ce peuple déjà tant éprouvé ? Peut-on espérer un futur meilleur pour ce pays si beau et authentique, ou simplement une trêve ?
Je dédie ces photos aux Syriens que j’ai rencontrés et à tous ceux qui conservent l’espoir de retrouver un jour ces rues animées d’Alep et de Damas, peuplées de cireurs de chaussures, de vendeurs d’eau ambulants et de Bitta Raghif (le pain syrien).