Kayar est un petit village de pêcheurs posé en bord de mer au Sénégal. Chaque année pendant six mois le village double sa population en accueillant des milliers de migrants saisonniers de la pêche. Femmes, enfants, ces tribus élisent domicile dans des conditions précaires, poussent les murs, envahissent les écoles et la plage. Car ici, un gouffre profond à quelques kilomètres du rivage, permet de ramasser des tonnes de poissons venus s’y réfugier pendant « la campagne », de janvier à juin. Un spectacle en continu où l’on découvre que les méthodes traditionnelles (les chaînes de ramassage, le système de comptage, le fumage et le séchage du poisson aux branches de filao) s’utilisent en parallèle des techniques modernes (mailles des filets, laboratoire de contrôle et mise en place d’une aire marine protégée), où l’on voit une foule compacte se ruer sur les bateaux rentrant de la pêche alors que les enfants jouent dans les eaux claires parmi les pirogues, entre « ciel et mer ». Une micro-économie qui tire ses mailles entre tradition et modernité, et qui alimente pourtant de nombreux étals de poissons dans le monde.
Nathalie Guironnet